Ce film criminel de 1968 est surtout connu pour son utilisation inventive du split-screen. En multipliant les images sur l’écran, Fleischer parvient soit à accélérer le récit, par exemple lorsqu’il montre simultanément diverses arrestations, ou au contraire à l’étirer, à augmenter la tension chez le spectateur qui voit en même temps ce qui se passe de part et d’autre de la porte qui sépare encore provisoirement le tueur de sa prochaine victime. Brillamment utilisée, cette technique voyante apparaît toutefois un peu datée et artificielle, même si on la retrouve aujourd’hui dans nombre de séries télévisées. Par contre, la dernière partie du film qui décrit le face-à-face entre Bottomly et DeSalvo est un modèle de mise en scène. Dans une succession de plans à la précision graphique, Fleischer cadre souvent ses personnages de part et d’autre d’un miroir et parvient ainsi à rendre compte visuellement du sujet de son film, la notion de double, la coexistence au sein d’une même personne du Bien et du Mal. Face à un Henri Fonda à la fois très humain mais farouchement déterminé à faire avoué le suspect, Tony Curtis est simplement fabuleux dans le rôle d’un homme qui découvre progressivement le personnage maléfique qui constitue l’autre face de sa double personnalité.