Il y a longtemps que vous jouez de l'accordéon (et de l'évasion) ?

1979, Clint est au sommet. Josey Wales, L'Hommes des hautes plaines, l'ont consacré après son périple léonien, Clint s'est aussi distingué par l'inspecteur Harry....Rien ne résiste au prodige de Clint. Il est partout, ne rate rien, bon dans tous les domaines tant en tant qu'acteur que réalisateur. Clint est grandissime.
Mais avec l'Evadé d'Alcatraz, le pari n'est pas facile. Il est toujours difficile de faire un film sur une histoire dont on connait déjà la fin. Car le "twist" est alors impossible, la surprise finale ne peut exister. Il faut donc trouver un autre moyen pour capter et emmener le spectateur.


Frank Morris est alors un criminel multirécidiviste que l'on transfert à la prison d'Alcatraz sensée être inviolable. Sur une île, entouré d'un courant inhumain et d'une eau froide. En compagnie des frères Anglin, Frank prépare une évasion qui va entrer à la postérité.


Au terme d'un film plein de tension, captivant, jamais ennuyant et toujours intelligent. L'Evadé d'Alcatraz fait l'exploit de surprendre là ou aucune surprise ne devait arriver. Chaque élément peut-être deviné par le spectateur avant qu'il ne se passe. Ce procédé pas si facile à maitriser de manière général est ici parfaitement mis en oeuvre par Don Siegel qui induit beaucoup de chose sans jamais le faire grossièrement (mise à part le coup du coupe ongle). Sinon tout est intelligemment amené et bien construit. Car, le spectateur à cette fierté de se dire "ça...je l'avais deviné" ou de se dire "Ah le bâtard, bien vu...j'y avais pas pensé".
De fait, on le comprend bien, le temps passe très vite car nous cherchons, nous aussi nous jouons dans cette partition réglée au centimètre de l'évasion de Morris.
L'univers carcéral est ensuite remarquablement reproduit notamment par la quasi obligation du tournage de nuit (Merci le tourisme) qui ajoute une dimension oppressante. La rigidité du monde carcéral et de la folie du contrôle de l'époque (Michel Foucault bonjour) y est plutôt bien représentée. Comme le dit le directeur : ici, rien n'est fait pour la réhabilitation. Au moins c'est clair, on sait que le détenue va s'ennuyer à mourir et qu'il va jalouser sa liberté perdue sur l'autel du crime et de l'injustice (pas vrai "Boy"). Pourtant quelques occupations perdure : la peinture, la lecture, le crime et la menuiserie ou encore la cuisine. Et, Morris va se servir de tout cela pour réaliser une évasion captivante, tournée de nuit, sans cascadeur, une réussite plus que totale que ces dernières scènes d'évasion qui tiennent le spectateur de bout en bout.


Tout cela porté par un Clint Eastwood toujours aussi charismatique, d'une présence insolente à l'écran. Il captive tout simplement. C'est d'une facilité déconcertante. Sa gueule, son jeu, sa présence donne une toute autre dimension à Frank Morris. (On s'arrête là...c'est devenu lassant d'enchainer les propos élogieux sur ce monstre du cinéma).


La confrontation avec Patrick McGoohan se termine par une victoire par K.O des 3 évadés...enfin pas sur. Allez savoir si ceux-ci ont réussis ou perdus, vivre emprisonné ou mourir libre de tout barreaux, là est toute la question qui entoure les films sur l'univers carcéral et encore plus cette évasion d'Alcatraz.

Halifax

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