Depuis mes jeunes visions de films comme Reds, Bonnie & Clyde ou La Fièvre dans le sang, j'ai une haute estime pour Warren Beatty, et le voir revenir dans le cinéma plus de 15 ans après sa dernière tentative a autant de quoi inquiéter qu'intriguer.


Il n'avait plus mis en scène depuis Bulworth en 1998 et il se lance ici dans un double portrait, celui d'Howard Hugues puis d'un jeune couple naissant, ce qui aurait pu être passionnant si Rules Don't Apply n'était pas écrasé par le poids de son acteur, réalisateur, producteur et scénariste, et ça fait mal d'écrire ça. Il est omniprésent, trop imposant et a tendance à un peu trop se mettre en scène, au détriment des autres personnages et surtout de l'histoire, ce qui est vraiment regrettable au vu du potentiel de ce scénario.


S'il parvient à montrer qu'il a quelques beaux restes derrière la caméra, notamment par un aspect rétro plutôt prenant qu'il maîtrise bien, il fait trop souvent tomber son oeuvre dans un académisme formel d'abord, puis même dans le fond, où rien n'est vraiment abordé en profondeur. Pourtant, par le prisme de l'excentrique mais discret personnage de Hugues, il arrive à garder un minimum d'intérêt, que ce soit par le rapport de celui-ci avec les femmes, le couple principal, le cinéma ou encore les autorités.


Warren Beatty campe ce personnage avec un dynamisme surprenant, et ses excès, notamment dans ses relations avec les employés, parvient, par moment, à faire oublier le rythme mal géré, avec beaucoup de temps morts, ainsi que des jeunes comédiens désastreux à l'alchimie inexistante. Pour ce projet qu'il avait en tête depuis les années 1970, Warren Beatty arrive tout de même à nous entraîner dans un coloré et agréable Los Angeles des années 1950, montrant, uniquement par moment malheureusement, qu'il a une belle maîtrise du classicisme hollywoodien.


En signant Rules Don't Apply, Warren Beatty revient dans ce siècle avec des méthodes à l'ancienne, mais sans grande inspiration, et ses épaules ne sont pas assez larges pour porter un tel projet, qui ici reste trop académique et dont les quelques aspects intéressants ne parviennent pas en faire oublier un manque d'intérêt et même un certain ennui.


Il aurait mérité bien mieux pour une probable dernière...

Docteur_Jivago
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le 1 oct. 2017

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