Film culte à l'eau bénite
Ce film est une référence du genre. Sûrement parce qu’il touche à quelque chose qui nous concerne tous, mais qui est impalpable. Les forces obscures, les démons, la possession, le mal invisible. Cela à de quoi tétaniser n’importe qui, non ? La valeur ajoutée, c’est que c’est tiré d’une histoire vraie, ou fausse diront certains, car les gens qui ont rapportés les faits auraient très bien pu « enjoliver » la réalité, et raconter n’importe quoi. Reste que c’est très difficile à rendre à l’écran. Partant du fait que c’est vrai, Friedkin raconte cela de façon très réaliste, le plus crédible possible, quitte à rendre l’histoire banale, à utiliser des acteurs avec très peu d’aura, des « monsieur tout le monde », un environnement urbain plus propice au polar qu’au film d’épouvante, et il cède quand même aux effets spéciaux, qui ont évidemment bien vieillis depuis, et cela perd réellement en crédibilité. Certaines scènes ont dues choquer en 1970, mais aujourd’hui ça fait sourire, on en a vu d’autres. Et puis la part de mystère est réduite au minimum, ce qui tue toute prétention horrifique. On a du mal à y croire car le suspense voire la tension est évacuée au profit d’une exposition presque journalistique des faits. On voit même des médecins conseiller à la mère de la fille possédée d’aller voir un exorciste, qui n’est donc qu’un médecin d’un autre type, pas besoin d’avoir peur. Cette connivence entre sciences rationnelle et sciences occultes rend le film d’une banalité de fais divers. Peut-on raconter ce genre d’histoire en faisant l’économie d’une vraie explosion de terreur même suggérée ? Je n’en suis pas sûr. En tout cas beaucoup vont s’engouffrer dans la brèche créé par Friedkin, sans s’encombrer du facteur crédibilité, pas assez efficace à leur goût, et en misant à fond sur le gore et la peur primaire.