Acte de foi.

Durant 100 minutes, William Friedkin va nous parler, face caméra, de L'exorciste, des conditions de tournage à sa collaboration avec William Peter Blatty, l'auteur et scénariste, en passant par une analyse poussée de la mise en scène.

Sur le papier, c'est passionnant, et ça l'est car on assiste à une véritable leçon de cinéma, notamment sur l'utilisation des couleurs, de tableaux pour expliquer des plans (comme une peinture de Magritte inspirant ce qui sera l'affiche), voire à quelque chose dont je n'avais pensé, à savoir que les personnages montent souvent, ou partent vers le haut, et ça n'est pas sans une symbolique. Tout cela est démontré par A+B avec de nombreux extraits du film, dont certains qui expliquent que la voix possédée de Regan est celle d'une actrice plus âgée nommée Mercedes MacCambridge qui, pour se mettre en condition, exigea de se faire ligoter, à fumer et boire plus que de raison, manger des œufs crus, et être entourée de deux prêtres ! Ambiance...
Après, il y a deux limites à ce documentaire qui est que c'est l'avis de William Friedkin qui, en bon mégalomane qu'il est, n'hésite pas à s'envoyer des fleurs, mais qu'il n'a plus personne pour lui apporter la contradiction, vu que la plupart des techniciens et acteurs du film sont décédés, ce qu'il fait occulte bon nombre de choses, dont la douleur au coccyx qu'il infligea à Ellen Burstyn pour une cascade ou la tyrannie qu'il faisait subir à son équipe sur le plateau. Ensuite, et c'est plus personnel, L'exorciste est un film qui a été analysé dans tous les sens depuis sa sortie, et on ne compte plus les documentaires, les livres (notamment les mémoires de Friedkin) qui lui ont été consacrés, de sorte que je n'ai pas vraiment appris grand chose, même si objectivement, si on s'est peu renseigné sur le film, c'est une mine d'infos passionnantes.

D'une manière générale, si Friedkin ne tourne plus de films depuis 2011 à la suite de problèmes cardiaques, on le sollicite uniquement, et il ne se gêne pas pour en parler, outre de L'exorciste, de French Connection ou Sorcerer, qui sont également évoqués dans ce documentaire. Mais il y a des pans entiers de sa filmo dont il ne parle jamais, et que j'aimerais qu'il s'ouvre à ce sujet...