Fred Rogers était un animateur de télévision, totalement inconnu de par chez nous, qui a présenté de 1968 à 2001 une émission phare pour la jeunesse, Mister Rogers' Neighborhood, où il parlait aux enfants à leur hauteur avec une gentillesse et une empathie qui confinait à un véritable respect pour l'autre, quel qu'il soit. Pour grossir le trait, ça serait équivalent à ce que Jacques Martin faisait dans L'école des fans.


Pour ce projet casse-gueule, ce n'est pas moins que Tom Hanks qui s'y colle dans la peau de Fred Rogers, avec un maquillage sur les sourcils et tout un travail sur la voix, vraiment douce, ainsi que sur la posture, qui donnent envie de lui faire un câlin. Ce n'est pas vraiment un biopic, mais ça concerne une période précise, où un journaliste, joué par Matthew Rhys, doit faire un papier sur lui. Cependant, au lieu que ça soit une simple interview, ça va se transformer en amitié où Rogers va en quelque psychanalyser cet homme, tourmenté par des problèmes familiaux.


C'est un film vraiment étrange, où il est difficile d'y trouver une quelconque prise, étant donné qu'on ne connait pas cette émission ni Fred Rogers, alors qu'on se rend compte qu'il a été adulé en Amérique pour son message de paix et de tolérance. Il y a de très belles scènes, où par exemple des jeunes filles reprennent en cœur le générique de l'émission quand elles l'aperçoivent assis dans le métro, ou tout ce qui est repris de cette émission, une sorte de Club Dorothée sous bromure, où Fred Rogers parle d'une voix lente mais douce, faisant des petits sketches à l'aide d'une marionnette ou s'asseyant pour parler face caméra aux spectateurs sur le fait d'être gentil avec son prochain. Apparemment, rien de calculé dans tout cela, il était pareil dans la vie privée, avec son épouse pianiste, ce qui peut déstabiliser dans une époque où le cynisme est (malheureusement) roi.


Mais le sujet principal concerne surtout Matthew Rhys et ses rapports compliqués avec son père, très bien joué par Chris Cooper, ce dernier ayant laissé tomber sa mère alors malade pour se mettre avec une autre. Et c'est surtout pour ça que va intervenir le personnage de Fred Rogers, à savoir le pardon et donner de l'amour à ses proches. En me relisant, on dirait presque que je parle de quelque chose de religieux ; or, ça n'est pas le cas, on peut y penser, mais Fred Rogers avait l'air de quelqu'un de naturellement bon, qui ne voulait faire que le bien autour de lui.


C'est sans doute à cause du personnage, que joue admirablement Tom Hanks par ailleurs, que le film est quasiment inédit en-dehors des Etats-Unis, mais ça fait du bien par les temps qui courent de voir un personnage si gentil, ça fait du bien. Même s'il faut avouer que la réalisation n'est pas si exceptionnelle que ça.

Boubakar
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le 14 oct. 2020

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