De film en film, Frank Capra s'interroge.
Qu'est-ce que l'homme ? Qu'est-ce que la folie ? Comment vivre dignement ?


Les scènes au tribunal, où l'on évalue la santé mentale de Longfellow Deeds sont indémodables.
Avec un amour teinté d'humour, le cinéaste filme les êtres qu'un grain de folie anime (comme les deux sœurs presque jumelles à force de confusion siamoise).
Il chérit la vaste humanité des excentriques, inadaptés, amateurs d'activités saugrenues (le héros joue du tuba, court après les voitures de pompiers...)


Faut-il condamner quelqu'un pour folie, le séquestrer à l'asile, parce qu'il commet quelques bizarreries après un verre de trop ou une poussée d'adrénaline ?
Capra défend les individus dans leurs particularités les plus singulières, comprend leurs tics (qui permettent de libérer l'esprit, de mieux se concentrer). Il questionne inlassablement la nature d'êtres contradictoires, déroutants, voire incompréhensibles.


La démocratie, c'est aussi le débat contradictoire.
D'où cette passion du cinéma américain pour les films de tribunaux, où l'on cherche la vérité dans la confusion proliférante des faits.
Capra croit en l'homme et à la démocratie, son optimisme foncier se fonde sur une situation politico-sociale précise. Pourquoi ne pas aider les millions de fermiers, jetés au chômage par la crise économique des années 1930, à retrouver une terre ? Le travail leur redonnera une dignité d'homme.


Le cœur palpitant du film est le face-à-face entre le millionnaire provincial et le fermier chômeur, résolu à tuer ce privilégié de la fortune, qui obsède les journaux. Longfellow le Naïf préparait un repas d'amoureux avec la belle journaliste, quand il apprend qu'elle le ridiculise par ses articles dans tout New York. Alors Deeds offre le festin à l'affamé - songeur, il le regarde dévorer les plats. Il passe silencieusement un contrat de solidarité avec cet homme (deed signifie contrat, acte) et avec ceux qui subissent la même injustice.
Ce monde féroce et égoïste ne tient, au bord de l'effondrement, que par des gestes de bonté gratuite.

lionelbonhouvrier
9

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le 15 févr. 2017

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