L'Hermine par trevorReznik

La force du film, c’est avant tout de réussir à montrer au spectateur tout l’univers d’un procès : le jugement lui-même évidemment, mais aussi (et surtout) l’envers du décors. On assiste, fasciné, au choix des jurés, à leurs délibérations, à certaines conversations off entre les avocats… On sent que Christian Vincent connait son sujet et on a régulièrement l’impression de regarder un documentaire sur une véritable affaire : c’est tellement réaliste que j’ai régulièrement pensé au superbe film de Depardon, 10e chambre, c’est dire.
A de rares exceptions, tous les acteurs (des témoins aux jurés) sont parfaitement crédibles et renforcent grandement cette impression de véracité qui fait la force du film. Même Lucchini, qui avait tendance ces derniers temps à m’agacer tant il vampirise parfois les rôles qu’il interprète (quand ça n’est pas le film tout entier), joue plutôt dans la retenue et apporte pas mal de subtilité dans sa proposition, ce qui fait qu’il est difficile de savoir si on apprécie ou non le personnage.
J’avais vraiment peur que l’histoire sentimentale, très symbolique, entre ces deux êtres qui semblent à l’extrême opposé l’un de l’autre (un juge austère et une juré très lumineuse) ne vienne parasiter tout le scénario mais finalement, l’histoire qui se déclare entre eux rappelle qu’il subsiste toujours une part d’humanité, même au cœur d’un système aussi écrasant et impersonnel que celui de la justice.