Il en faut de la maestria pour installer autant de tension et de suspens tout au long d’un long-métrage où le mystère ne s’envole qu’en toute fin de film dans un climax sublime. Sébastien Marnier n’en manque pas. L’Heure de la sortie réussit à semer le doute sur les intentions de ces inquiétants collégiens et sur leur identité de bout-en-bout. Qui sont-ils ? Des ados aux capacités paranormales, des gamins désabusés par le monde qui les entoure et prêts à commettre le pire, comme le soupçonne leur professeur de français ? Ou bien est-ce ce dernier qui se laisse emporter par une paranoïa légèrement développée et une curiosité pour ces jeunes qui l’amène à se questionner sur sa propre vie ? Au fur et à mesure que le film avance, son auteur brouille les pistes, joue avec les styles, et cela fait mouche.
Ancré dans un décor bien réel, bien qu’angoissant (celui d’un pensionnat austère, d’une salle de classe à l’ancienne, d’un appartement ou de maisons de banlieue proprettes), l’Heure de la sortie lorgne volontiers du côté du cinéma de genre et au fantastique. Avec ses ados intrigants, difficile de ne pas faire des analogies avec le Village des Damnés. Avec cet univers réaliste, son thème électro (magnifiquement interprété par Zombie Zombie) et ses plans fixes sur des décors aussi beaux que ténébreux, l’Heure de la sortie rappelle parfois également la série Les Revenants.
Mais là où Sébastien Marnier se distingue, c’est par le discours en filigrane qui ressort de sa réalisation : avec ces jeunes désabusés et fatalistes, persuadées d’être une génération sacrifiée face à un drame écologique qui s’annonce, montre que l’Heure de la sortie est un film malin et plus politique qu’il ne le parait. Avec sa 2e réalisation, Sébastien Marnier apporte sa pierre à l’édifice à un renouveau du cinéma de genre français particulièrement efficace, après Grave (2016), Ghostland, La Nuit a dévoré le monde ou encore Revenge (2018). Rafraichissant.