Objectif Lune
Un superbe film de Borzage, encore ! Mélo magnifique, film de guerre, histoire d'amour, tragédie, tout ça en même temps, avec Janet Gaynor par dessus, par dessous, comme elle veut... Vous ai-je déjà...
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Il n'aura fallu que peu de temps pour que je vois en Frank Borzage celui qui pourrait bien être mon réalisateur de muet préféré. Je me suis à plusieurs reprises questionné sur le comment de ma découverte tardive du bonhomme. Etait-ce parce que je m'y étais pris comme un pied dans mon exploration du cinéma muet ou était-ce tout simplement parce qu'il est un peu retombé dans l'anonymat en comparaison de types comme Murnau ou Chaplin (que je trouve par ailleurs très surestimé et vieillot) ? Puisse ce jour arriver où l'on m'expliquera le pourquoi du comment. "L'Heure Suprême" était parmi ces incontournables de sa filmographie et c'est grâce à Youtube que j'eus le plaisir de me délecter d'une autre savoureuse séance où encore une fois Borzage tord mon coeur de pierre et me rappelle que l'indifférence que j'ai envers une grande partie du cinéma d'amour n'est ni plus ni moins que la résultante d'une qualité globale au ras des pâquerettes.
Borzage fait partie de ces gens qui ont su magnifier l'amour, le transcender en cultivant l'émotion juste, en faisant vibrer la corde sensible des plus cyniques. C'est l'antithèse d'escroqueries comme P.S I love you où le but visé est de faire chialer. On ne retrouve pas dans L'Heure Suprême cette obsession des plus mauvais cinéastes à jouer avec le superficiel et le préfabriqué. Ici tout est vrai. Borzage c'est la pureté, l'innocence et la naïveté d'un amour mis à mal par la violence de notre civilisation qui torture les êtres pris dans un tourbillon charnel qu'ils voient petit à petit se disloquer. Les codes du mélodrame sont repris mais avec un tel professionnalisme et sensibilité que cela ne peut que nous marquer. Il ose, tente des trucs qui sortent des sentiers battus avec l'athéisme et in fine le refus du mariage à l'église. Si cela peut sembler désuet aujourd'hui, il faut bien se dire que c'était moins le cas en 1927.
L'histoire qui nous est contée est ainsi brillante et même pour un muet, le rythme suit sans que cela ne devienne pour autant assommant. Les raisons sont multiples et ont déjà été énoncées, à l'exception de notre duo constitué de Janet Gaynor et Charles Farrell qui illuminent l'écran au sens propre comme au figuré. Notons que la reconstitution cinématographique du fameux épisode des taxis de la Marne est du plus bel effet. J'aurais toutefois aimé un peu plus de scènes sur le champ de bataille pour vraiment faire ressortir au mieux l'horreur de la guerre entrant en totale opposition avec le romantisme sublime de Diane et Chico. Mais ça ne reste qu'une remarque perdue dans un océan de grâce et de volupté comme aucun film de notre époque n'est capable de le faire. Borzage aura encore fait très fort.
Créée
le 21 avr. 2021
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