Fúsi n'est pas un super-héros. Il n'est ni un surdoué, ni un apollon, ni populaire. Il est obèse, vit encore chez sa mère et passe son temps libre à reproduire de célèbres batailles sur un plateau de jeu occupant les trois-quarts du petit salon. Ses chances de passer à l'écran sont pour ainsi dire proches de zéro. Et pourtant, Fúsi est le personnage principal de L'Histoire du Géant Timide.


Fúsi partage sa vie entre son travail de bagagiste à l'aéroport, l'appartement de sa mère et la cave de son seul véritable ami, Mörour. Son principal souci est de parvenir à ne pas se faire remarquer malgré son physique de colosse. Un colosse aux pieds d'argile dont la routine va être bouleversée par un cours de danse country, offert par le petit ami de sa mère, où il va faire la connaissance d'une jolie fleuriste, Sjöfn.


Réalisé par l'islandais Dagur Kari, L'Histoire du Géant Timide est une excellente fable sociale. Ce n'est pas la fable à caractère politique façon Ken Loach, mais plutôt humaniste. Les différences de physique et de comportement, entraînent malheureusement suspicions pour les uns (le père qui refuse que sa petite fille joue avec ce vieux célibataire) et humiliations (les collègues de travail qui traînent Fúsi de force sous la douche) pour les autres. Sans verser dans le mélodrame, le film parvient à trouver l'équilibre parfait entre film noir et feel good movie.


L'acteur principal, Gunnar Jonsson, possède un physique de viking, mais surtout un formidable regard. Mélancolique, hésitant, apeuré, tout le caractère timide et candide du personnage se vit à travers les yeux de l'acteur. L'autre personnage clé du film, Sjöfn, interprétée par Ilmur Kristjánsdóttir, se dévoile au fur et à mesure du film d'une complexité qui tranche fortement avec la simplicité de Fúsi. Une relation compliquée s'instaure entre eux, livrant les plus beaux passages du film.


Ovni cinématographique, L'Histoire du Géant Timide ne laissera aucun spectateur indifférent. Distribué en France sous un titre plus poétique que le minimaliste Fúsi, ce film a été pour moi une incroyable découverte. Une œuvre subpolaire résumée de façon magistrale par Francis Ford Coppola himself :



Si tout le monde était comme lui, le monde serait merveilleux.


Vincent-Ruozzi
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le 15 mai 2018

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