
Comme est écrit dans l'intro, "Une expérience de communication cinématique des événements visibles, un film sans l'aide d'intertitres, de scénario, de théâtre, œuvrant à créer un véritable langage absolu du cinéma, basé sur sa totale séparation avec le langage du théâtre et de la littérature" : On imagine la bombe expérimentale à cette époque.
J'aime beaucoup le double rôle de la caméra, à la fois réduite à l'œil passif, contemplant les jours paisibles d'une cité soviétique, et à la fois actrice, filmée en haut, en bas, en mouvement, à l'arrêt.
Aussi, une belle expérience autour du temps, la mise en lumière de la "magie du cinéma" : de la séquence d'images fixes à l'illusion de mouvement, notamment lors de la scène assez touchante du montage au début, et enfin de l'athlétisme vers la fin du film.
Techniquement, beaucoup est mis en œuvre : la flèche du temps est tordue dans tous les sens, accélérée, ralentie, stoppée, retournée ; les effets visuels de superposition, stop motion, y sont beaucoup présents. La musique sert parfaitement le contenu, j'ai beaucoup pensé à Koyaanisqatsi et à Philip Glass (bien sûr la référence est inverse).
Au final, une belle ode à la puissance du langage cinématographique, doublée d'un travail quasi documentaire sur la vie de l'entre-deux guerres soviétique. J'imagine qu'il a inspiré des centaines, voire des milliers - si ce n'est la totalité - de réalisateurs et en devient ainsi essentiel.