Récit assez hermétique. Je n'ai pas tout compris. Pourtant, j'ai eu à de nombreuses reprises l'impression de comprendre. Mais non, quelques dialogues plus tard, je retombai dans l'incertitude.

C'est à l'évidence Henri, le personnage joué par Jean-Hugues Anglade, qui pose l'essentiel du problème. Est-ce que le film évoque la difficulté à accepter son homosexualité? Est-ce que Henri ne supporte pas son attirance pour Jean (Vittorio Mezzogiorno) ou bien est-ce le fait d'être amoureux qui lui semble trop compliqué à vivre? Je ne sais pas.

Un autre personnage bien mystérieux le reste un peu trop, c'est le toubib (Roland Bertin). Ah et les parents... le père d'abord (Armin Mueller-Stahl) et la mère pas claire non plus (Annick Alane), qu'est-ce qui se cache derrière tout ça?

Ça fait beaucoup de questions. S'il y a un truc qui me dérange au cinéma, c'est quand je suis obligé de tout faire à la place du scénario. Quand il y a trop de questions, je ne peux pas me fier seulement à mes rafistolages personnels. J'aime quand le scénario réponde de manière implicite à toutes les questions qui me paraissent fondamentales. Le scénario ne répond pratiquement à aucune. Qui est l'homme blessé? De quelle blessure s'agit-il? Je ne veux pas croire qu'on a donné ce titre au film parce que Jean Hugues Anglade se fait une estafilade en donnant un coup de tête dans un punching-ball de fête foraine. On imagine plutôt une blessure secrète mais on ne dépasse jamais le stade de la supputation. Quoiqu'il en soit ce périple sentimental, chaotique, s'il n'est pas à proprement parler ennuyeux me laisse sur ma faim.

Quelques scènes sont un peu abîmées par le jeu théâtral de certains comédiens. La plupart du temps, ils jouent bien, mais on brasse beaucoup d'air dans les déplacements des personnages. Ce n'est pas illogique : quand on cherche, on ne reste pas immobile, mais parfois l'impression du vide m'a caressé la cervelle.

Finalement, seul Jean-Hugues Anglade impressionne par son jeu fiévreux, ses grands yeux ouverts, ce comportement enfantin, pressé, apeuré tout à la fois, perdu complètement.

Il faudrait aussi m'expliquer la présence de Vittorio Mezzogiorno, doublé par Gérard Depardieu. Absurde. Depardieu s'en tire très bien. Même dans le doublage il est fortiche!

L'histoire elle même sous ses airs fassbinderiens furtifs n'a pas eu l'heur de me plaire. Je l'ai trouvée finalement fade. Quel est le propos, je n'en sais trop rien? C'était si dur d'être homo? Hum... pas convaincu que ce film ait une quelconque prétention à décrire la difficulté d'être homosexuel en 1983. En tout cas je ne veux pas croire que cela fut aussi glauque, ce serait affligeant. Non, je pense que Chéreau a voulu raconter une autre histoire et que je ne l'ai pas sentie, ni comprise, voilà tout.
Alligator
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le 7 avr. 2014

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