L’homme de la plaine n’était pas forcément le western que je comptais voir en premier parmi ceux d’Anthony Mann (ceux-ci étant eux-mêmes moins prioritaires à mes yeux que ceux de Ford, Hawks ou Peckinpah) mais disponible dans une collection à prix raisonnable, c’est celui qui s’est imposé à moi.

Will Lockhart, un convoyeur de marchandises de la ville de Laramie, enquête sur la mort de son frère qui a péri dans une attaque des Apaches. A Coronado où a eu lieu l’attaque, il va essayer de savoir qui a fourni des fusils aux indiens mais va se confronter au baron local Alec Waggoman et à son fils.

A priori, une histoire de vengeance moyennement engageante. Heureusement, cela s’avère vite plus complexe que cela. J’ai eu du mal à rentrer dans le film, notamment à repérer qui est qui, mais au bout d’un certain temps on y arrive… Mann sait nous laisser respirer après un début en fanfare où Lockhart s’en prend plein la tête.

On s’en doute un peu, la présence des indiens suscités sera très discrète, la quête étant de dénicher un ennemi intérieur. Cela a le mérite d’éviter de plonger dans le cliché manichéen du western même si n’exagérons rien, ils n’ont pas le beau rôle non plus...

Au fur et à mesure que l’enquête avance, la situation se décante et les camps nous apparaissent plus clairement suivant une logique assez simple bons/méchants, même si je vois tout de même un personnage au milieu échappant à ce schéma. Lockhart lui, est un révélateur, celui qui va mettre à jour les liens complexes entre le père et le fils Waggoman, ainsi que le futur gendre, Vic. Cette relative distance peut laisser une sensation curieuse. En fait en jetant un œil sur wikipédia, on apprend que Mann avait un projet plus ambitieux où Lockhart aurait plus ou moins tenu la place du fils et où le receleur de fusils aurait été différent. Sûr que cela aurait eu plus de force…

Globalement, sans doute pas le western idéal par lequel commencer pour une approche didactique ou historique du genre, mais en revanche l’assurance de passer une bonne soirée devant un spectacle de qualité. La réalisation de Mann, toute en grands plans et exploitant le potentiel du cinemascope (c’était un des premiers westerns à l’utiliser) vaut le détour.
Silentum
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Classiques vus depuis que je suis sur SC et Les meilleurs westerns

Créée

le 30 nov. 2013

Critique lue 609 fois

12 j'aime

2 commentaires

Florent

Écrit par

Critique lue 609 fois

12
2

D'autres avis sur L'Homme de la plaine

L'Homme de la plaine
Torpenn
8

Lasso courtois

James est l'homme de Laramie du titre original, il arrive à Coronado, petite ville sous la coupe d'un vieux barbon bien mal secondé, et semble avoir d'autres raisons pour s'incruster qu'une simple...

le 30 mars 2012

31 j'aime

25

L'Homme de la plaine
Ugly
8

Le héros mannien et la nature

Dernier des 5 westerns tournés par James Stewart sous la direction d'Anthony Mann, L'Homme de la plaine est comme une sorte de résumé des précédents avec une part plus âpre et parfois plus dure, mais...

Par

le 24 oct. 2016

28 j'aime

9

L'Homme de la plaine
Docteur_Jivago
8

Le déclin de l'Ouest

Cinquième et dernière collaboration entre Anthony Mann et James Stewart, L'Homme de la Plaine se veut plus désenchanté que les précédents, et nous emmène vers un lieu perdu qui jouxte un territoire...

le 18 sept. 2020

23 j'aime

4

Du même critique

Gravity
Silentum
5

Est-ce-que c'est grave, ET?

Je voulais pas forcément écrire une critique sur Gravity, mais au vu des notes vues par ailleurs je crois que finalement je vais m’expliquer. Parce que je sens que ma note est une des plus basses...

le 5 nov. 2013

51 j'aime

5

Rashōmon
Silentum
9

Critique de Rashōmon par Florent

Ouais bon on va se remuer là. Non parce que c’est pas tout ça mais faudrait voir à se préoccuper un peu de Kurosawa. Deux films* du maître en tout et pour tout ça la fiche un peu mal, surtout chez...

le 30 oct. 2013

45 j'aime

6

L'Aventure de Mme Muir
Silentum
9

Critique de L'Aventure de Mme Muir par Florent

Joseph Mankiewicz. De ce réalisateur dont le nom évoque aux cinéphiles quelques films de légende (même si bizarrement il y a encore quelques mois j'aurais plutôt associé son nom essentiellement à...

le 5 janv. 2014

36 j'aime

2