Park Chung-hee, monsieur qui a dirigé la Corée du Sud de 1961 à 1979. Quand il a pris le pouvoir, le pays était un des plus pauvres du monde, même beaucoup plus mal loti que son turbulent voisin du nord. Quand il l'a laissé, parce qu'il n'avait pas le choix étant donné qu'il était mort, c'était une des grandes puissances économiques mondiales. Ça, c'est super. Mais c'était aussi un dictateur militaire accroché à son pouvoir comme un bulot à son rocher et qui n'hésitait pas un seul instant à marcher sur des cadavres. Ça, ce n'est pas super.


Et s'il a laissé le pouvoir, ben, c'est parce que son chef des services secrets l'a fait passer dans l'autre monde le 26 octobre 1979 à la Maison Bleue (nom de la résidence présidentielle officielle !). Le film va raconter les quarante jours qui ont précédé cet assassinat et essayer de proposer sa propre théorie quant à ses motifs. Ouais, parce que même aujourd'hui, il est impossible de savoir ne serait-ce si c'est un complot bien organisé à l'avance ou alors si c'est un acte spontané. À cette interrogation, sans trop spoiler, l'ensemble va choisir un entre-deux, avec en toile de fond des Etats-Unis de plus en plus agacés par ce bulot sur son rocher. Les noms ont été changés, mais il n'est pas difficile de trouver qui est qui.


La réalité a l'habitude de créer par elle-même les histoires les plus passionnantes au monde. C'est donc naturellement qu'il va y avoir des moments intenses, mention spéciale un peu évidente pour les minutes qui précèdent le meurtre du chef d'état et d'une partie de sa garde rapprochée. Les acteurs font bien le job.


Dommage donc que Woo Min-ho ne donne pas une réalisation qui soit plus sud-coréenne pour se laisser complètement aller à un visuel qui s'inspire un peu trop pour être original de classiques du thriller politique américain, genre JFK ou Les Hommes du président. Les séquences à l'étranger, à Washington, D.C. ou à Paris, font trop cartes postales, comme si toute entreprise d'espionnage se faisait dans des lieux bien touristiques. En outre, ça s'embarrasse un peu trop d'une succession de scènes trop bavardes qui ralentissent le rythme. Ce qui est regrettable, car quand la mise en scène ose autre chose, ça peut donner quelque chose de bon. Par exemple, le fait de voir le président seul, isolé, silencieux dans une pièce souligne la profonde solitude dans laquelle son addiction au pouvoir le plonge.


Bref, sans que cela soit déshonorant, le résultat n'est pas à la hauteur d'un sujet passionnant, bref, le vecteur fictionnel n'est pas à la hauteur de la réalité.

Plume231
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le 2 juin 2021

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