Monsieur Woody Allen, à quand la retraite ?

Bon, je n'aime pas beaucoup Allen, il est une sorte de cliché cinématographique pour moi, et je ne comprends pas vraiment l'engouement pour ce drôle de personnage. Mais voulant lui donner (encore...) une autre chance, je décide de voir L'Homme irrationnel (ce titre...)... Et étonnamment je me retrouve encore devant une calamité. Explication.


Comment une telle chose peut sortir d'un réalisateur fort de 47 films ? À peine croyable... À la limite de la non-écriture et du non-cinéma, sommes-nous au bord du néant ? Allen veut-il nous rendre aussi médiocre que son éminent et torturé professeur de philosophie, qui n'a de professeur que le nom, aussi insipide que le name-drapping constant. Je crois que je n'ai jamais vu des personnages énonçant autant de platitudes dans un film, les cours, les discutions, la soi-disant mélancolie, Allen a t’il comprit ne serait-ce qu'un seul livre du romantisme ou de philosophie, vu combien ces mots sont cités à la minute ?


Non, je ne crois pas que ce soit possible, alors ce fieffé gredin de Allen se joue de nous avec ce nombre affolant de clichés, l'intrigue va certainement évoluer... Non... Un peu. Eh bien oui le personnage de Abe Lucas (combien de fois son nom est cité dans le film ? Allen devient gâteux vu le nombre de répétitions de certains mots) change, mais pour rejoindre l'autre versant de la médiocrité, d'un individu adolescent triste et émo, nous avons l'individu joyeux et actif. Où est la nuance, la subtilité ? Je vois très bien que Allen se moque un peu de son personnage, mais comment pouvoir prendre ça au sérieux ? Il n'y a rien qui nous indique vraiment, par rapport à l'image, où là c'est de la fainéantise pure, quasiment aucune idée de cinéma, sans ça comment un scénario et des dialogues aussi mauvais peuvent-ils prendre de la profondeur. Je ne sais que dire, seul un peu d'espoir revient avec Emma Stone, qui est rayonnante, mais qui est une abrutie d'un niveau rarement atteint.


Là où récemment un Shyalaman, pour prendre un exemple récent, se joue des clichés des personnages, de la mise en scène et de l'intrigue du found-fountage. Ici nous avons un film, sans idée, qui ne tient sur rien, pas la moindre idée, cinématographique ou d'écriture, il tient seulement à la probable empathie avec Abe Lucas, mais Allen ne montre pas ça médiocrité, et c'est là le problème, c'est affligeant.


Abe Lucas cite la philosophie continentale comme quelque chose d'incroyable, sauf qu'il s'est arrêté à Sartre et voilà pourquoi il ne peut pas écrire sur du Heidegger, voilà pourquoi le personnage n'évoque rien même lorsqu'il est en relation avec le personnage de Stone, un égocentrisme de médiocrité, nous sommes loin des sommets qu'atteint un Raskolnikov à la fin d'un Crime et Chatiment, référence évidente du film que Allen ne peut pas s'empêcher de citer comme si ce n'était pas assez explicite, ce film c'est le crime sans le châtiment, c'est le manque de raffinement, de subtilité dans le discours, de grandeur, de beauté (désolé du nombre de superlatifs, mais je suis un peu en colère). Oui, j'attends beaucoup plus d'un film qui cite des auteurs sans fin, un peu de légitimité pour le faire.


Bref, je ne sais pas si c'est vraiment clair ce que j'écris, mais ça m'énerve de voir des choses comme ça.

Untrucadire
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le 24 oct. 2015

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