L'Homme qu'on aimait trop par Hugo Harnois
Jamais le cinéma n'aura autant fait écho à l'actualité. Le 11 avril 2014, Maurice Agnelet est condamné à vingt ans de prison pour le meurtre d'Agnès Le Roux. Trois mois plus tard, André Téchiné sort son nouveau film, L'homme qu'on aimait trop, adaptation de ce fait divers ayant déferler les chroniques pendant plus de trente ans. Verdict ?
L'homme de Rendez-vous nous livre ici un film très sage portant trop sur les faits historiques, d'où un regard cinématographique amoindri. La première partie sur les magouilles de casino dont, soyons sérieux, nous nous fichons quelque peu, est trop longue. Certes, elle est nécessaire pour appréhender l'esprit calculateur de Maurice Agnelet, mais trop descriptive et pas assez psychologique pour apprécier cette œuvre à sa juste valeur.
Quant à la seconde partie, portant sur la relation d'Agnès et de l'avocat, elle est malheureusement assez décevante. Si Canet (fascinant avec ce soupçon d'obscurité constante) et Haenel (déchirante avec cette carapace renfermant une addiction destructrice) campent parfaitement leur rôle, la narration et les mises en situation ne leurs permettent pas d'exploiter cette liaison pleine d’ambiguïté. Peut-être est-ce l'effet escompté pour Téchiné mais pas pour nous, spectateurs qui cherchions autre chose dans ce fait divers au potentiel indéniable.
En effet, le rapport tumultueux qu'entretiennent Agnès et sa mère est réussie. Deneuve est une nouvelle fois brillante en incarnant un personnage paradoxale, à la fois mère aimante et femme d'affaires inflexible. Mais ce scénario semble rester en surface, comme si le réalisateur avait peur de donner un avis trop prononcé sur une affaire encore irrésolue. Nous restons alors, irrévocablement, sur notre faim.