Le temps béni des colonies où l'on pouvait se faire poignarder à Marrakech !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."


Scénario :
Alfred Hitchcock, pas chien, donne un coup de main à son pote James Stewart pour filmer ses vacances à Marrakech. Au programme : balade en car, hotel de luxe, visite des souks et dégustation dans les restos. Mais hélas, tout ne se passe pas comme prévu : comme à l'époque le pays était français, t'as Daniel Gelin qui vient se taper l'incruste ! Et le fils de Stewart comme tout les petits américains, joue son Donald Trump et insulte les musulmans. Hitchcock en a marre, il dit "ho et puis merde, on a qu'a faire un film d'espionnage" : il fait buter Gelin, kidnappe le gosse et envoie tout le monde dans un pays qu'il connait mieux : L'Angleterre.


Enfin, c'est ce que j'ai compris. Wikipédia en donne une autre version.



En tant que sujet d'étude :



"L'homme qui en savait trop" est un bon sujet pour analyser la réalisation de Alfred Hitchcock, réalisateur dont j'ai vu et apprécié quelques films (La Mort au Trousse , Les Oiseaux, Mais qui a tué Harry ?) même si ma mémoire reste assez floue sur d'autres (Fenêtre sur Court dont j'ai l'impression d'avoir raté des passage.) Ce film est le remake d'un autre film d'Hitchcock, réalisé vingt ans plus tôt et que je n'ai pas vu. (Mis à part le passage de la "baston de chaise" sur YouTube...)


Nous sommes en 1956. Alfred Hitchcock a 57 ans et est alors un réalisateur qui peut vendre sur son seul nom et peut faire son casting sans pression des studios : avoir James Stewart en tête d'affiche et lui adjoindre Doris Day, alors plus considérée comme une chanteuse qu'une actrice. Il peut aussi se permettre des folies comme faire le remake d'un de ses anciens film et demander au scénariste John Michael Hayes de réécrire le scénario sans consulter le script du film original. (Ce qui fait que chaque version du film à ses fans...)


Il peut s'autoriser une scène d'opéra au Royal Albert Hall avec l'orchestre symphonique de Londres pour une scène de 10 minutes sans paroles. Cette scène est un pur produit de son temps : avant ce genre de scène était impossible - après on aurait raccourci la scène ou rajouté des péripéties par peur que le spectateur s'ennuie.


Sinon, on est dans du pur produit Hitchcockien : une intrigue basée avant tout sur le suspens, des personnages aisément identifiable, des plans très léchés et un "MacGuffin" : ici le kidnapping d'un enfant et le projet d'assassinat du premier ministre d'un pays inconnu, prétexte à une scène en église, la scène à l'opéra et une scène de chanson dans une ambassade où Doris Day s'oblige à chanter fort afin d'alerter son fils de sa présence.



Mon avis personnel :



Le film avait été proposé dans la liste "Pendant les travaux le cinéma reste ouvert" sous le titre "Y'a-t-il un meilleur film d'Hitchcock ?" et ma réponse cinglante sera : "Oui, mais c'est pas celui là."


J'ai bien aimé le film, mais j'ai été un peu gêné par le scénario : arrivé à la fin du film, j'étais assez gêné sur la finalité de certaines actions du plan de Louis Bernard (même en avouant qu'il s'est trompé de couple) ou du couple d'antagonistes. C'est un peu la faiblesse du McGuffin : il est prétexte à des jolies scènes, mais le tout n'est pas très cohérent.


De même, si j'adore le jeu de James Stewart et de Doris Day, j'ai du mal à comprendre s'ils agissent comme des gros boulets (ils se font prendre deux fois, on des réactions stupides par moment) ou comme des gens normaux qui ne peuvent pas agir autrement. Peut-être que j'ai été un peu trahi par mes habitudes culturelles liés aux autres films et séries que j'ai vues, dans lesquelles lorsque les méchants kidnappent les fils du héros, ceux-ci ont un plan précis et bien badass pour le récupérer. Ici, ils agissent comme un couple des années 50 et d'ailleurs, c'est l'un des rares films d'espionnage ou d'enquête où je vois un couple agir en tant que couple, qui va affronter l'épreuve ensemble. Très souvent dans ce genre de configuration, c'est l'homme qui part au casse-pipe.


Alfred Hitchcock maitrise à la perfection ses plans et son montage. Ceci dit, j'ai été désemparé un peu par le rythme un peu lent du film qui met du temps à démarrer et où l'on voit le couple McKenna aller au restaurant et discuter de la façon dont on mange le pain à Marrakech. Idem pour les scènes où James Stewart se fourvoie dans une fausse piste et d'autres détails qui auraient été zappés dans un film actuel. Ceci dit, cette longueur fait partie du charme, tout comme la "patine" du temps à coulé sur le film : les couleurs pellicules du technicolor qui forment un contraste particulier, les scènes en bus dont voit maintenant très bien qu'elles sont faites en studio (ainsi que quelques scènes de foules) et certains plans d'extérieurs en studios.


Tout ça fait partie du charme. Le même charme qui me fait siffloter "que Sera, Sera!" toute la journée après avoir vu ce film.

le-mad-dog
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le 4 oct. 2016

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Mad Dog

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