No desert island castaway ever faced so bleak a prospect.

Un de ses anciens films de série B des années 50, SF-horrifique, adapté d’un roman que j’avais bien apprécié. Ce n’est pas souvent que l’auteur est lui-même impliqué dans le scénario de son adaptation, et je me demandais bien le résultat que ça donnerait. Et il faut admettre, que l’adaptation est extrêmement fidèle, voire peut-être même trop. Le principe d’une adaptation est justement d’adapter l’histoire à un autre support, et après ce film, on peut se demander si l’histoire n’était au final pas mieux en film qu’en roman vu comme les deux sont extrêmement proches l’une de l’autre. En d’autres termes, cette adaptation n’apporte rien de plus par rapport au roman de Richard Matheson. Après, au-delà de ça, le film reste tout aussi passionnant que le livre. Alors certes, pour des raisons techniques, on a plus en évolution par pallier qu’un truc plus progressif comme le livre, mais ça n’enlève rien à la tension qui s’en dégage.


Le malheur qui s’abat sur Scott nous pèse à chaque scène, créant cette oppression permanente. J’ai beaucoup aimé la première partie du film, parce qu’on nage en plein dans le style de film avec tous les stéréotypes auxquels on peut penser, mais ça fonctionne si bien qu’on se laisse transporter. On ressent la détresse du personnage, le danger de plus en plus pesant, jusqu’à arriver dans la deuxième partie, où le monde est inversé. La construction y sera d’ailleurs admirable, car mis à part la voix off, il n’y a pour ainsi dire aucun dialogue et tout repose sur le jeu d’acteur de Grant Williams, qui fait un boulot formidable. Le rythme est très bien maintenu, et on restera en haleine jusqu’à la conclusion, tout aussi poétique que le livre.


Le casting fonctionne très bien. Comme je l’ai déjà dit, Williams est époustouflant pour jouer toutes les facettes de son personnage, son désespoir, sa détermination, son ingéniosité. Randy Stuart apporte également un jeu intéressant, même si son rôle est plutôt unidimensionnel. Techniquement, je salue le film. Certes, la musique est très générique pour le genre à proprement dit du film, mais elle l’accompagne à merveille. Ajoutons à cela des décors très bien pensés pour jouer avec le changement d’échelle, et une mise en scène classique mais qui là aussi joue très bien avec les différentes échelles des personnages.


Quant aux effets spéciaux, je dois admettre qu’à part quelques défauts (les gravats qui restent de la poussière fine quelque soit l’échelle, ou la tension de surface de l’eau qui n’est pas toujours bien représentée), le film est admirable, et je dirai même exemplaire. Oui, il y a des scènes où l’incrustation sur fond vert est visible, mais franchement pour un film des années 50, avec un concept aussi intéressant et difficile à mettre en place, c’est franchement plus réaliste que de nombreux films actuels. Oui, avec la technologie moderne, il y aurait moyen de rendre le tout encore plus réaliste, mais franchement je ne pense pas que ce soit nécessaire car tout fonctionne déjà très bien de lui-même dans ce film.


Bref, j’ai pris autant de plaisir au visionnage de ce film qu’à la lecture du roman d’origine. Je n’ai pas été déçu, même si le film pointe les limites d’une adaptation trop fidèle (transposition ?). Le seul gros défaut, c’est d’avoir remplacé la veuve noire par une mygale, mais je suppose que c’est pour des questions de facilité (il me semble que les mygales peuvent être « dressées », alors que les veuves noires pas vraiment).

vive_le_ciné
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le 10 nov. 2018

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