Claude et Frédéric ont le même nom. Comment s'appellent Claude et Frédéric ?

Ayant entamé un long périple dans les tréfonds de l'absurde et les méandres du désespoir cinématographique avec des films comme El Topo, Plan 9 ou encore Troll 2, je pensais déjà avoir vu l'impossible. Que nenni ! Voici venir L'homme Qui Sauva Le Monde, autrement appelé "Turkish Star Wars" (rien que ça).


Tout commence avec les crédits qui défilent manu militari pendant deux bonnes minutes, avec en fond une musique à cheval entre "Head Over Heels" des Tears For Fears et une chanson de bal musette. J'ai dit manu militari, c'est surtout manu en fait hein. Oui parce que Turkish Star Wars fait dans l'artisanat m'voyez, ça respire le fait maison : les noms écrits à la main qui défilent à vitesse irrégulière, l'image qui se tord et se tend comme si quelqu'un baissait le rideau noir caché derrière, toussa toussa...


Tout de suite après, on a le droit à des explications invraisemblables ponctuées de stock shots qui sont je suppose là pour éviter les what the fuck par la suite. Le problème, c'est que précisément on a droit à une première couche de wtf par leur faute. En gros, on nous explique que l'humanité est entrée dans l'Âge de l'espace, puis l'Âge galactique et que pour cette raison, les hommes sont retournés aux fondamentaux et se sont contentés d'une vie modeste (entendez par-là archaïque). La logique dans tout ça ? C'est que la Terre a explosé, et que les survivants qui se sont établis sur un fragment en dérive n'ont plus rien, si ce n'est un bouclier les protégeant, qui fonctionne grâce à des cellules de cerveau humain. A partir de là, le mécha... Attends... De quoi ? Le bouclier qui protège les Cromagnons du cosmos marche avec des cellules de cerveau humain ? Vraiment... ? Ok bon, soit... A partir de là donc, on nous dit que le méchant n'a eu de répit dans sa quête de résolution du "mystère de la force de volonté du cerveau humain", ceci afin de franchir lesdits boucliers. Voilà en somme le pitch de départ. Voyez comme ça promet...


Le film commence alors à proprement parler et on vo... Non mais j'ai pas lancé Star Wars en turc putain les gars ! Je me suis fait l'intégrale en début d'année, ça va c'est bon ! Fait ch... Ah ouiii, nooon mais pardon, c'est juste que les images volées des premiers SW de Lucas qu'on voyait pendant l'explication du début sont aussi utilisées dans le film, d'aaaccord...
Donc l'Etoile de la Mort envoie une poignée de TIE à la poursuite de Claude et Frédéric. Nos compères se mettent à l'aise dans leur X-Wing avec un bon L'Empire Contre-Attaque projeté à l'arrière de la cabine. Oui parce qu'en plus de constituer l'intégralité des dix premières minutes du film, les fameuses images volées sont aussi diffusées dans leurs vaisseaux, histoire qu'on comprenne bien qu'on a affaire à du plagiat de la plus pure espèce, en plus de n'avoir absolument aucun sens.
Quoi qu'il en soit, Ice-C et Busta Freddy sont touchés et se crashent sur le petit bout de Terre qui flotte encore.


A leur réveil et après s'être dépoussiérés des 5cm de merdasse qui jonchaient leur corps, Claude et Frédéric se mettent en route en prenant soin d'être à leur avantage. Après quelques petits bonds et saltos badass sur des rochers et une fois sûr de leur allure, ils sifflent pour faire venir les femmes. Il est bien sûr de notoriété publique que les zouz rappliquent quand on les siffle hein. C'est d'ailleurs cette obsession un brin malsaine de l'apparence et de la femme 1h30 durant qui m'a amené à renommer les deux acteurs Claude et Frédéric. J'ai hésité longuement avec Alain Delon et Jean-Luc Lahaye, mais si le premier est clairement le sosie du héros, il aurait été de mauvais goût de nommer le deuxième ainsi quand on voit la quantité de gosses qui se font massacrer avant qu'il n'ait eu le temps d'y goûter. Et puis ils sont tellement complices et mignons tous les deux qu'il ne leur manquait que le nom de famille à partager. C'est chose faite.
A partir de là, ça fait pan pan, bim bim badaboum. En voulant attirer la gente féminine, C et F font débarquer la troupe des cavaliers de la mort. Mais pas de panique, Cloclo va faire quelques grimaces et agiter les bras et ça va bien se passer ! Et ce n'est que le début des emmerdes...


Comme je n'ai pas l'intention de spoiler complètement ce chef d'oeuvre qui regorgent de pépites, je ne vais maintenant me concentrer que sur les "quelques" problèmes techniques du film.
Alors...
D'abord, sachez que Star Wars n'est pas la seule oeuvre plagiée dans le film. Les bandes-sons de la majeure partie des films des 80's sont utilisées sans vergogne, avec une préférence nette de l'équipe du film pour Indiana Jones (tiens tiens, une autre série de Lucas...). Je n'ai pas compté, mais la bande originale doit revenir approximativement 574 fois, à tel point qu'on en sort dégoûté et qu'on maudit Harrison Ford d'être l'acteur le plus bankable de tous les temps et d'avoir fait d'Indiana Jones un classique.
Ensuite, le scénario est juste magique. Rien de bien étonnant vous me direz, c'est du Star Wars à la sauce Planète Des Singes. Oui, sauf que le magique vient de ce que Dark Vador est un marabout illusionniste conservant précieusement un cerveau plaqué argent dans un coffret ; cerveau qui, combiné à une épée au design flashgordonesque, permet au héros, une fois les deux objets fondus, d'y plonger ses mains pour en ressortir avec des gants de tueur pour pouvoir ainsi couper encore plus de peluches en deux. Vous n'avez rien suivi ? C'est normal, c'est pour ça que c'est beau.
Mais surtout, le montage. Il est juste, comment dire... Épileptique. L'avantage du grand n'importe quoi qui en découle, c'est qu'il permet aux personnages de pouvoir se téléporter pendant les scènes de combat. Avouez que c'est quand même vachement pratique, même si le méchant marabout a sûrement obtenu tous les succès platine PS3 en matière de téléportation grand-guignolesque étant donnée sa maîtrise du sujet. L'avantage aussi avec le système D dont ont fait preuve monteur et cadreur, c'est que ça évite de sortir du biff pour les effets spéciaux. Bannière spoil activée : concrètement, le méchant se fait à la fin couper en deux grâce aux gants en alu du héros (en quelques secondes, parce qu'il fallait se dépêcher vite vite de stopper le film comme toute l'équipe devait être littéralement morte de rire). Mais plutôt que de faire un mannequin et de le couper vraiment en deux, ils se contentent de noircir la moitié de son visage, et de dupliquer l'image. Le souci avec ça, c'est que ce n'est pas symétrique, si bien que Dark Vador se retrouve avec deux pifs de taille équivalente sur le visage, tantôt plus à droite, tantôt plus à gauche... Bannière spoil désactivée, woop woop.


Pour faire court, oubliez tout ce que vous avez vu auparavant. Peu importe que vous croyiez avoir assisté au pire devant un bon vieux Chuck Norris, Claude et Frédéric donnent tout sur scène et font le show.


Turkish Star Wars est LE nanar ultime.

ArthurGuigal
10
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Créée

le 12 mars 2016

Critique lue 370 fois

2 j'aime

Arthur Guigal

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