Je n'attendais rien de ce film car ça fait 25 ans que Terry Gilliam me déçoit. J'imaginais donc un genre de pétard mouillé, tant on en parle depuis deux décennies. Et puis, deux heures et quart, c'est long. Surtout lorsqu'on connaît la tendance délirante de Gilliam. Tous ses films depuis Las Vegas Parano (inclus) sont des délires non-maîtrisés et donc, des ratages pour le spectateur exclu du trip du réalisateur. Alors forcément, au départ ça fait un peu peur.
Mais ayant vu tout le reste de sa filmographie, je ne pouvais pas faire l'impasse sur celui-ci, d'autant plus que c'est le projet qui lui tient le plus à cœur depuis le début de sa carrière.
Eh bien, le fait est que si j'ai - comme toujours - un peu de mal avec Adam Driver, je n'ai eu aucune difficulté à entrer dans le film. Gilliam a eu le temps de peaufiner son sujet (vingt-cinq ans) et le fait est que, pour la première fois depuis 1995, il a maîtrisé tous ses délires, les rendant appréciables.
Comme de plus, l'aspect esthétique est de grande qualité (décors - naturels ou pas - et costumes somptueux), on se laisse porter dans cet imaginaire tortueux, tour à tour poétique, horrible, loufoque ou réaliste. Jonathan Pryce est excellent et il forme un très bon duo avec Driver. Le reste de la distribution est également bien trouvé, mais on ne peut s'empêcher par moment, dans certaines scènes, d'imaginer que ça aurait pu être encore meilleur avec Jean Rochefort et Johnny Depp. Cependant, on a échappé à Vanessa Paradis, et ce n'est pas plus mal.