L’homme qui tua Liberty Valance n’est pas le genre de western qu’on a l’habitude de voir. Pas de désert rocailleux, pas d’étalons lancés au galop lors de courses poursuites infernales. Une seule unité de lieu et un seul duel qui vient ponctuer un film qui aura transcendé le genre mythique du western.
C’est donc beaucoup plus que ça. C’est la victoire de la démocratie, de l’alphabétisation, du progrès, de la liberté de la presse. C’est l’histoire d’une communauté qui se prend de plein fouet l’entrée dans une nouvelle ère. C’est le combat de l’homme de loi dans un Far West qui n’en a jamais connue qu’une seule.
La fin d’un monde que l’homme qui avait tout pour être héros constate douloureusement. Tom Deniphon, incarné par un John Wayne toujours juste, se rend compte que le nouveau venu a pris sa place, celle du défenseur des opprimés. S’établit alors un triangle amoureux tacite mais au combien puissant et perceptible. Mais le temps du deuil est venu pour Tom et il ne s’agira alors que d’assurer une transition délicate.
Après The Searchers aux couleurs vives et éclatantes, John Ford revient une dernière fois à son cher noir et blanc lumineux qu’il maitrise à la perfection. Il met en place des jeux d’ombre fabuleux, invoque merveilleusement la fumée pour mettre en place un double flashback décisif.
Film nostalgique d’une époque révolue, John Ford n’est pas en retard sur son temps. Il signe une oeuvre d’un classisisme total, teinté d’humour, empreint à la fois de mélancolie et d’espoir. Il organise des funérailles magnifiques à un genre dont il fut le maître incontesté outre-atlantique.