"_He wants to know if you are gods. _Not gods - Englishmen. The next best thing!"

Décidément c'était loin d'être le dernier des cons John Huston.
Cet homme là ça a été l'évocation d'un quartier minable de New York pour détectives complètement largués au nez pété, puis (avec toute l'humilité dont on peut disposer) un singe dans le dernier volet d'une saga de SF sans oublier cet homme au complet blanc qui aime surgir à tous les coins de rue (en fait faudra que je retire le passage sur l'humilité)
Et voilà que ce mec s'avère être réalisateur, (je triche: bien sur que le complet blanc il le portait pour son propre film).
Et en plus il nous mitonne un duo à l'alchimie efficace: un Sean Connery royal et un Michael Caine... royal aussi.

En tout cas, John il a le chic pour raconter les histoires: il nous met en contact avec Rudyard Kipling, l'auteur du roman original dont le nom fut repris pour le film.
Rudy découvre un sans domicile fixe qui s'introduit chez lui et a l'audace d'expliquer son geste par une parabole. Et quelle parabole!

Deux anciens militaires Brittaniques, (Daniel Dravot et Peachy Carnehan) francs maçons jamais en manque d'humour se trouve un peu lésé dans leur participation à la colonisation de l'Inde et décide d'aller se remplir les poches par leurs propres moyens dans un pays fictif, en abusant de leur "supériorité ethnique" (pourrait on dire) en se fixant toutefois pour règles de ne toucher ni à l'alcool ni aux femmes (c'est inévitable ces deux là vont souvent ensemble) avant la fin de leur mission.
Et c'est là que John m'impressionne, si il dépeint les colons de ce pays comme affreusement simplets, si la prise de pouvoir par nos deux larrons se révèlent être suffisemment (bien trop) facile c'est parce que le film tient surtout à tourner en ridicule les désirs absurdes de l'homme qui sont surtout liés aux possessions matérielles, l'égo et (peut être un peu) les femmes. Qu'on ne m'accuse pas de misogynie mais il se trouve que par un hasard assez surprenant l'un de nos deux larrons (Daniel) déjà affublé de l'image de divinité se retrouve reconnu par ses soldats comme le fils d'Alexandre le Grand disparu depuis quelques générations déjà, ce qui fait de lui un Roi (de surcroit). Et si nos deux aventuriers se servent de leur statut à leur avantage sans le prendre au sérieux, le premier dérapage interviendra lorsque le nouveau souverain devra décider du sort d'une femme. Ensuite, de mauvais présagent se ramènent lorsque il décidera de se marier à une mortelle (ce qui est très mal vu dans la culture de l'autochtone).
Daniel qui n'avait rien en partant si ce n'est un ami, se retrouvera à la tête d'un empire (oh un petit empire quand même) et d'une immense richesse matérielle (et là c'est limite un euphémisme) mais au péril de son intégrité.
Peachy lui verra son sort se sceller ironiquement à cause de son amitié (en état de dégradation depuis le couronnement de Daniel faut le reconnaitre) qui le pousse à rester pour le mariage maudit.
Il est bon de rappeler qu'à l'heure de la colonisation les femmes aussi étaient (malheureusement) un petit peu vues comme une chose qui se possède (de gré ou de force)

En fait John est loin d'être un con parce qu'il nous fait toucher du bout des doigts ce qu'Orson a tout simplement eu du mal à nous montrer: "The touch of evil", la corruption de l'âme souillée par des désirs qui nous dépassent et des égos qui nous poussent à nous surpasser même dans la cruauté.

Décidément, c'est à poil et sans un sous qu'on retrouvera la notion de bonheur.

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le 11 mai 2013

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Matrick82

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