Avec son premier film Peter Fonda fait très fort. Il réalise un très beau western, très personnel, pas si éloigné que ça d’Easy Rider et donc totalement ancré dans le Nouvel Hollywood.
Le film raconte un retour au bercail. Après avoir parcouru sans but les grands paysages de l’ouest américain, un homme (Peter Fonda), accompagné de son ami (Warren Oates) décide de revenir auprès de sa femme et de sa fille qu’il a abandonné 7 ans auparavant.
Je ne dirais pas que le film décrit exactement le même mouvement que le road movie, mais il y a quelque chose de l’ordre de cette idée. C’est le film d’un retour, la fin d’un désir de liberté, de vagabondage en homme libre, sans frontière. Au bout d’un temps peut être le désir s’est-il estompé. Peut être l’absence trop probante d’un réel but, d’un avenir, se fait-il trop ressentir pour faire basculer ce désir vers l’envie de reconstruire quelque chose de plus concret, et de fonder un foyer entouré de gens aimés et aimants.
Ca semble être le choix fait par Fonda. Ils avaient pourtant décidé de partir encore plus vers l’ouest, pour aller voir l’océan, qu’ils n’ont jamais vu. L’océan, pour reprendre l’un des personnages, c’est immense, ce n’est rien à côté de cette rivière. Peut être Fonda a-t’il eu peur de se confronter à une trop grande immensité.
Fonda fait quelque chose de très beau, en terme de mise en scène, durant tout le film, il construit des surimpressions au sein du plan. Parfois allant jusqu’à superposer 3,4 images différentes. Au passage on peut noter que Kelly Reichardt reprendre ce procédé lors d’une scène à la finalité quasi identique dans sa Dernière piste, où l’on voit les personnages/les caravanes, avancer sur des nuages.
Loin de n’être qu’un simple procédé esthétique et expérimental gratuit, ces plans renforcent la mélancolie de l’ensemble, et servent à cristalliser des moments face au temps qui fuit, trop vite. Ils donnent la sensation de saisir des instants et de continuer à les faire vivre dans le futur. Une même image concentre, mélange, les rendant perméables et flous, un souvenir, un présent et un avenir incertain. L’idée est très belle, le film l’est tout autant.
Teklow13
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le 5 juil. 2013

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Teklow13

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