La gastro de l'année 2015, épisode 3/3 : Last shit

Je suis vanné mais alors vraiment... Je ne sais pas qu'elle lubie il m'a pris de me taper ce film en pleine convalescence... Nous mettrons cela sur le compte de l'habitude d'avoir la nausée. Ça se tient tu me diras. Nous voici donc devant Last Knights, qui outre la pauvreté d’inspiration concernant son titre est un film de 2015 mijoté par Kazuaki Kiriya.


Bon, l'action est censée se dérouler au Moyen âge selon le résumé. On en a peut être pas la même vision, le réalisateur et moi, ou alors il va falloir que je révise mes bouquins d'histoire. A-t-on déjà vu un seigneur black et des chevaliers typés asiat' ? Belle question rhétorique soit dit en passant. On décidera plutôt de rester crédule et de se dire que l'on est face à un monde entièrement fictif, cela vaudra mieux. A vrai dire même en se disant cela, les choses n'en demeurent pas moins étranges.


Résumons malgré le mal qui nous tiraille les intestins : Clive Owen est un noble chevalier au passé troublé par l'alcoolisme à qui l'on a confié la tâche d'escorter Morgan Freeman en personne, monsieur le seigneur pour l’étiquette, afin qu'il s'acquitte d'une nouvelle taxe. Au lieu de cela Freeman, comme son nom l'indique, ne souhaite guère souffrir de plus d'affronts ni courber l'échine tel un vulgaire stagiaire, aussi décide-t-il de faire perdre son temps à tous le monde en offrant une robe à un ministre de l'empire en place au lieu de la dite taxe. Intelligent le bougre, mettre en péril son titre et son obédience c'est vraiment malin de sa part. La petite morale bien-pensante de Freeman est évidemment assez mal accueillie, si bien qu'il est condamné à mort par l'empereur. Notons que ce dernier est à peu près aussi certain de ses avis que ne l'était Théoden sous l'emprise de Saroumane. Quid le charismatique Grima langue de serpent, ici, notre empereur mollasson est conseillé par le ministre floué. Et hop en deux deux on passe d'une réflexion logique indiquant qu'on ne tue pas un noble pour une blague pas drôle à une exécution séance tenante. Pire encore niveau dramatisation pour enfant de cinq ans, c'est à Clive Owen de se charger de la besogne. Le preux chevalier en tremble tellement la connerie vient d'atteindre des sommets et s’exécute sur un beau fondu au noir (jeu de mot de qualité pour professionnels de l'humour) niquant totalement le peu de tension déjà présent.


Owen en a gros et sait pertinemment à qui il va pécufier la maison : monsieur le ministre. Et ce dernier n'en a pas fini non plus avec notre héros qui s'est, une fois de plus, égaré fort loin des Fils de l'homme. Sérieusement, j'en ai ma claque de ces acteurs mal dirigés que l'on sait plus expressifs que cela ! Enfin bon à la limite son jeu n'aurait en aucun cas pu sauver le film. L'important, concernant la suite du scénario est que le fameux ministre fait lever une véritable petite armée pour se protéger et que ça va se castagner sec. N'attendez rien de plus car vous n'en aurez pas davantage, la fin apportant un petit sursaut d'intérêt tout au plus. Ce que l'on aura entre ne sera que du remplissage à coup de sous intrigues à la mord moi le nœud.


Last Knights n'est en soi pas un mauvais film. Ce n'est clairement pas terrible ni très intéressant mais cela ne contribue pas à en faire une horreur. L'histoire est bancale mais a le mérite de tenir une certaine ligne, de plus la photographie n'est pas dégueulasse du tout. On peut en revanche lui reprocher de passer très rapidement sur des éléments primordiaux. On nous parle de désir de vengeance, d'effondrement d'âme même (Owen sombre dans la boisson et le ministre devient paranoïaque), pour autant on ne perçoit là-dedans aucune réelle motivation, aucun sens sur lequel se baser pour évoluer. Owen veut se venger car on l'a forcé à tuer le seigneur, seulement leur relation a tellement été bâclée qu'on ne peut éprouver de l'empathie. On a juste envie de lui dire : Tu perds ton temps mec alors rentre chez toi... Du coup bah...c'est chiant quoi, je ne saurai le dire autrement. Ah et puis parlons en de la paranoïa du ministre. Ça sort d'où cette connerie ? Le type n'a aucune raison de l'être. On essaie visiblement très maladroitement d'apporter de la profondeur chez un personnage extrêmement plat. Même chose, par manque de profondeur on perd grandement en émotion.


On a donc un film très moyen qui, avec les armes à sa disposition, aurait difficilement pu être meilleur. C'est sans doute le pire dans l'histoire.

Fosca
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le 8 nov. 2015

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Fosca

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