On entend d'étranges échos, parfois, dans une salle de cinéma...


Car je jurerai avoir vu le même film il y a quelques jours. Mais je ne me souviens plus du titre, misère... N'avoir que les yeux pour pleurer ? Non... Le visage sans les yeux ? Non plus.


Ça y est ! Ça me revient ! Quel idiot je fais. Il s'agissait bien sûr des Yeux sans Visage. L'Horrible Docteur Orlof en reprend l'argument principal. Sauf que cette fois-ci, pas de plongée quasi documentaire dans une réalité où le fantastique s'installera par petites touches. Non.


L'oeuvre démarque immédiatement ses pôles par un manichéisme expressif. Le bon docteur se tapira donc dans les ténèbres. Tandis que les héros et les victimes seront inondés d'une luminosité pure. La beauté de l'ensemble et une certaine sobriété sont donc de mise, tout comme en matière de mise en scène, qui pourra rappeler, par hoquets, l'expressionnisme allemand ou un certain cachet Hammer.


Franco jubile à l'évidence quand il braque sa caméra sur le visage intriguant de son acteur Howard Vernon, qui semble habité par son personnage. Tandis que son âme damnée, malgré ses crimes passés, est pétri d'un sentiment de tragédie qui enrichit la substance du long métrage en quelques apparitions savamment orchestrées.


Et à la différence des Yeux sans Visage, Jess Franco aborde son intrigue par le biais de l'enquête policière élémentaire, qui trouvera sa résolution par l'intuition féminine et les effluves alcoolisées d'un petit brigand savoureux. Un scénario habile, qui se délecte de son étrange atmosphère et se démarque assez nettement de son modèle, loin de son aspect tour à tour froid et poétique.


Y injectant même la fascination pour ses victimes féminines, une pointe d'érotisme qui a dû scandaliser à l'époque et, surtout, la célébration de la beauté d'une Diana Lorys splendide.


Tout cela pour écrire la plus parfaite définition du cinéma dit bis, ainsi que l'acte de naissance officiel d'un cinéma fantastique espagnol. Etrange, appétissant, à la saveur définitivement autre, L'Horrible Docteur Orlof est une petite part d'histoire du cinéma à découvrir et à savourer, tendance épicée.


Behind_the_Mask, qui porte beau le haut-de-forme.

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le 14 nov. 2019

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