Wes Anderson frappe fort avec son Ile aux chiens, conte d'anticipation politique et fantaisiste étonnant à l'esthétique asiatique foisonnante, où les personnages principaux à quatre pattes se battent pour leur liberté face à une dictature sans merci dans un Japon futuriste. A l'instar de Fantastic Mr. Fox, le réalisateur renoue avec la stop-motion pour cette histoire infaisable en prise de vues réelle, sans rentrer dans la case dessin animé, mais en repoussant les limites de ce dispositif singulier. J'avoue avoir été très vite charmé par cet univers visuel riche et dépaysant, où fourmillent détails, idées de mise en scène et références à la culture japonaise. L'originalité est servie à la pelle tant la forme et le contenu nous bousculent de notre zone de confort habituelle : raconter sous forme d'un récit d'aventures canine le drame des populations en exil, c'est quand même un beau coup de maitre ! Néanmoins, dans ce feu d'artifices de singularités, j'ai trouvé le ton global de L'ile aux chiens déprimant et monotone. Malgré ce casting vocal cinq étoiles, que ce soit dans version originale (celle que j'ai vu) ou dans la version doublée, les voix se restreignent à un niveau sonore identique qui rend le tout absolument monocorde et sans nuances. Certaines, bien sur, vont à contre-courant mais pas suffisamment pour que ça dynamite l'ensemble. Cette impression entièrement subjective n'a donc pas fait bon ménage sur la durée avec la stop-motion, aplatissant tout et le banalisant en émotions. Ca rend le film vraiment déprimant... Heureusement, l'univers sonore d'Alexandre Desplat est là pour rythmer ces voix drôlement dirigées. Du coup, je crois être passé à côté de l'humour qui semble avoir marqué les critiques. Je me suis donc accroché à cette esthétique sublime, quoique sur la durée, un peu trop envahissante, notamment sur la disposition des nombreux sous-titres. Il faut croire que je n'ai pas su tirer entièrement la joie contagieuse de cette atmosphère injuste et noire. Sans parler de l'écho évident à notre réalité, cette histoire, bien que sublime en tout point, ne m'a simplement pas touché par son intrigue du petit garçon qui a perdu son gentil chien garde du corps dans un monde corrompu. Je chipote mais je me justifierai en plaidant une question de gout et de sensibilité...