L'Île aux chiens
7.7
L'Île aux chiens

Long-métrage d'animation de Wes Anderson (2018)

Décevant. Je crois avoir préféré ce film à Budapest Hotel mais j'ai aussi été très frustré, ce qui pourrait expliquer ma note plus sévère.


L'idée de base m'a bien plu ; je n'y croyais pas trop, je l'avoue, je m'étais dit que les influences japonaises seraient malvenues, finalement ça passe assez bien et ce n'est pas trop encombrant, le récit vit pour lui-même. Ce qui m'a déçu, c'est le scénario : toute la partie avec les hommes est assez peu intéressante en soi, le plus touchant étant cette relation naissante entre le chien errant et le garçon. Ces aller-retours en plus de ce jeu sur la temporalité font que les auteurs exploitent assez peu cette nouvelle amitié ainsi que les psychologies respectives de ces deux personnages. À un moment, j'ai cru qu'ils avaient osé, d'une radicalité exemplaire, se débarrasser de personnages qui n'avaient plus rien à faire dans le film, mais il n'a pas osé : c'est très dommage, car hormis quelques gags et une scène visuellement très réussie, ce manque d'audace empêche d'autant plus l'exploitation de Chief et de son compagnon. La fin est assez peu intéressante aussi. Faut dire que le côté politique est assez lourd et pénible et perd toute sa crédibilité à cause des trop grandes facilités narratives. À un moment, Chief exprime son mécontentement face à l'attitude de Spot qui ne veut plus être son chien ; le chien errant précise que son maître en a bavé : vraiment ? non, en fait, les conflits sont assez rares, nos héros s'en sortent trop facilement, et cette quête est nettement moins épique que prévue, ce qui est très dommage. À nouveau, je pense que sans tous ces personnages secondaires et inutiles, les auteurs auraient pu se concentrer sur son univers, ses personnages principaux, ses conflits, ses résolutions. Et puis était-il nécessaire de terminer sur un happy ending aussi niais ? Le film est par moment si sombre qu'on dirait que les auteurs n'osent pas aller au bout de leurs idées.


La mise en scène est réussie ; je pense que le système Wes ne trouvera jamais meilleur médium que le film d'animation où il peut tout contrôler au millimètre près afin que ses mouvements soient parfaits. Les décors sont très beaux, le découpage efficace, les compositions bien construites, le montage bien rythmé. Les voix fonctionne assez bien, les personnages sont faciles à distinguer visuellement (dommage quand même qu'il n'y ait pas plus de races représentées et que les personnages ne soient pas plus caractérisés : au final, les 3 sbires de Rex sont identiques). La musique est très agréable, ce petit air de guitare fonctionne bien avec l'ambiance visuelle, de même que cette rythmique constante permet d'instaurer un climat inquiétant dans ce monde déchu.


Bref, il y a du bon, voire même du très bon dans ce film, mais il y a aussi de très mauvais choix narratifs qui rendent l'intrigue nettement moins prenante que ce que l'on aurait voulu. Dommage.

Fatpooper
6
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le 27 juin 2018

Critique lue 376 fois

3 j'aime

Fatpooper

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