Moyennement convaincu par « Les Triplettes de Belleville » il y a de cela (déjà!) sept ans , il est peu dire que j'ai été ébloui par cet « Illusionniste » d'une sensibilité comme il est aujourd'hui rare d'en voir sur grand écran. Quasiment muet de bout en bout et bien plus qu'un simple hommage à Jacques Tati, c'est le cinéma et l'art du dessin animé lui-même que Sylvain Chomet honore, tout apparaissant ici parfaitement dosé, parfaitement équilibré pour en faire un petit miracle d'émotions, l'humour et la mélancolie se mélangeant finalement de la plus merveilleuse des façons qui soient. Il n'était pourtant pas aisé de transformer Tati en personnage de dessin animé : Chomet relève superbement la gageure, tant nous retrouvons finalement aussi bien le créateur que l'on adore qu'un vrai personnage de fiction, l'admiration évidente du réalisateur pour ce dernier ne se transformant jamais en un hommage maladroit ou occupant de manière trop appuyée le devant de la scène. Au contraire, malgré une évidente simplicité, on ne peut être que profondément touché par cette histoire simple mais pas simpliste, tant il est facile de se reconnaître dans chacun des deux personnages et leurs différentes réactions au fur et à mesure que le temps passe... Mais c'est aussi dans les détails que le film puise également sa force, que ce soit par des traits d'humour souvent présents qu'une envoutante poésie, le tout dans des paysages retranscrits admirablement et ne faisant que transcender l'indescriptible beauté de l'ensemble... Une œuvre magique, nous faisant passer par toutes les émotions pour finalement nous faire sortir de la salle bouleversée : cela faisait bien un an et le fabuleux « Benjamin Button » de David Fincher que je n'avais pas ressenti cela. Merveilleux.