L'Illusionniste par HarmonySly
Un film que j'ai (peut-être contre toute attente) tellement apprécié que je m'étonne de ne pas trouver un consensus à ce sujet (ici-même et un peu partout ailleurs). Mélancolique à souhait, nostalgique d'une époque perdue, le métrage déclenche en outre une certaine sympathie avec des personnages attachants, et un sens du plan drolatique, que ne renieraient pas Tati ou Rosa, dans des domaines bien différents.
Ou peut-être pas si différents que ça, finalement. S'il y a une chose qu'on ne pourra retirer au film, c'est cette contemplation, cette réussite visuelle (seules les incrustations 3D font un peu tache) qui manie avec brio l'imagerie cinématographique et la mise en scène bédéophore. Les personnages de ce petit monde évoluent dans des cases, saynètes de la vie courante, sans pour autant oublier la vie, la vraie (Auchan), qui elle suit son court en arrière-plan, sans demander son reste, jusqu'au dénouement (du film, car l'histoire elle reste inachevée), implacable et effrayant de réalisme.
La raison pour laquelle Tati n'a jamais achevé ce scénario est simple: il n'y a pas de fin en soi, mettre un terme aux aventures de Tatischeff aurait été bien évidemment une sentence mortelle à la cinématographie de Tati lui-même. L'important c'est le voyage, pas la destination, dit-on, aussi je me délecte du voyage de ce vieil illusionniste au bout du rouleau, peu m'importe où son périple l'emmènera dans cet univers où les saltimbanques n'ont plus leur place.
On aurait tort de condamner ce film par rapport au reste de la filmographie de Tati: jusqu'à preuve du contraire c'est un film de Sylvain Chomet, touché par la grâce de Mon Oncle, certes, accouchant d'une vision très personnelle et très réussie à mon goût de l'oeuvre de ce grand Monsieur du cinéma français.