Mon Dieu! Brillant! Je n'ai pas encore critiqué Carlito's Way!!! Laisse moi l'honneur de te dire, Brillant, ô combien j'aime cette oeuvre légèrement méconnue par rapport au reste de ta bien inégale filmographie.
Non content de rester sur Scarface, tu décide d'engager Al Pacino pour incarner Carlito Brigante, sorte de Tony Montana calmé par des années de prison, un homme en quête d'honnêteté rattrapé par son passé mafieux. C'est aux premiers abords ce que l'on pourrait penser du film. Et Brillant, je crois que c'est là que tu réussis ton pari. Plutôt que de laisser Alfredo en roue libre, comme la dernière fois, tu parviens à le canaliser et à lui faire comprendre que son cabotinage a faillit le mener à sa perte (les années 80, période noir pour Pacino). Donc, on assiste à une prestation bien bien surprenante de sa part. Loin de jouer le dépressif comme dans ses précédents films des années 90, il nous sert une prestation de choix. En gros, son Carlito Brigante est à Tony Montana ce que Michael Corleone du Parrain 3 est au Michael Corleone des deux premiers opus. Mais là où le Corleone du troisième et dernier Parrain pouvait paraître une version fatiguée et aseptisée du personnage, le Carlito Brigante de l'Impasse est un personnage n'ayant pas de temps à perdre pour vivre une vie pas encore vécue, une ex-brute ayant pour devoir de se canaliser.
Et Brilliant, face à un tel personnage, je sens déjà que tu commets tes premières fautes. Non pas avec ton Sean Penn grimé à ce qui deviendra la sauce GTA Vice City (qui puise énormément dans tes films), mais bel et bien avec Penelope Ann Miller. Tu rends à Al Pacino ses lettres de noblesse, pour lui mettre dans les pattes une nana qui possède encore moins de charisme que ton ex-femme Nancy Allen. Je sais, tu vas blâmer Al, pour cette faute de casting, toi, tu voulais Melanie Griffith...mais franchement, des blondes un poil insipide, c'est pas ça qui manque à L.A., non? Elisabeth Shue par exemple! Elle joue bien en plus...
Mais passons, ton style est là, on ne peut plus perceptible, tu termine par un climax incroyable d'une demie-heure, alors que jusque là, tu avais opté pour un rythme assez lent et contemplatif. Du coup, tu nous offre un film qui prend son temps, qui semble de qualité et dont les seules fautes de style ne sont dues qu'à ton esthétique malade...Cette scène où Al Pacino sous la pluie contemple sa douce danser sur Lakmé de Delibes est splendide, mais tu viens tout flanquer par terre en suivant par une séquence de dialogue des plus plates et ennuyeuse. Je ne t'en tiendrai pas rigueur, tu fais un grand film de gangster, dans le pur style classique, mais d'une maîtrise des plus surprenantes venant de toi, et tu te défonces lors de la direction d'acteur...
Dans le cas présent Brillant, je te tire mon chapeau, la palme te revient, sans honte ni scandale. Si tu pouvais nous en faire plus souvent des films comme ça, plutôt que de t'embourber dans tes fantasmes malades, je t'en serai gré