Ça viendra peut-être un jour, qui sait, en attendant, mes rapports avec le cinéma de Zulawski restent un peu houleux. Vu à ce jour trois films (réputés) forts, complètement pétés, devant lesquels mon admiration passagère se dispute (parfois instantanément dans Cosmos, parfois par petites touches brutales et vraiment insupportables, ici ou dans Possession, qu’il faudrait toutefois que je revoie) à un rejet total, de sa complaisance globale dans son obsession de tout détraquer, de façon trop ostensible, trop forcé, capitalisant donc moins sur un état de sidération constant que sur un désagréable sentiment de pose.


 L’équilibre (pourtant trouvé dans un entrée en matière hallucinante et hallucinogène, qui convoque autant Passion que Blow Up) est souvent rompu dans L’important c’est d’aimer, ce malgré le vertige de certaines de ses percées, sa mélancolie palpable et sa volonté de cinéma de passionné au moins aussi passionné que cette folle histoire d’amour et de scène, trio destructeur qui reprend aussi bien Le Mépris (Formellement revendiqué par la musique cathartique de Delerue donc chaque pic d’apparition rappelle forcément ceux du chef d’œuvre de Godard ; Foncièrement évoqué lors de la plus belle séquence du film, au restaurant, entre Romy Schneider (magistrale) et un bouleversant Jacques Dutronc en clown triste) qu’il annonce, un peu, la mécanique tragique de Crash. Si on est loin de Cronenberg, il y a quelque chose de très cru dans le regard posé par Zulawski sur cette relation conjugale destructrice et une attirance flagrante pour les déformations tant les sourires mutent souvent en hurlements et vice-versa.
Difficile de me situer par rapport à ce film, donc. Je ne peux pas dire que je n’aime pas, comme dirait Thérèse. Mais c’est l’intervention de ces gros sabots, parfois, qui m’empêche de m’y abandonner, qui m’extirpe brutalement de sa mécanique délirante. J’y vois autant de belles choses que j’en suis agacé par d’autres. Pas étonnant de croiser Klaus Kinski chez Zulawski, en tout cas. Cet acteur semblait tellement fait pour ce cinéma baroque, c’est hallucinant. Reste que je le préfère nettement chez Herzog. Autant que je préfère le cinéma d’Herzog, en somme.
JanosValuska
5
Écrit par

Créée

le 5 mars 2018

Critique lue 603 fois

4 j'aime

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 603 fois

4

D'autres avis sur L'Important c'est d'aimer

L'Important c'est d'aimer
oso
7

Alimentaire, mon cher public

Andrzej Żuławski n’est pas le genre de bonhomme qui fait du cinéma pour flatter la rétine de son public. Lui, son truc, c’est de le mettre mal à l’aise, de le plonger au fond d’un gouffre peuplé...

Par

le 22 avr. 2015

26 j'aime

3

L'Important c'est d'aimer
Alligator
4

Critique de L'Important c'est d'aimer par Alligator

janv 2011: J'avais de ce film un souvenir, lointain il est vrai, où les pleurs de Romy Schneider et la musique de Georges Delerue jouaient le rôle de catalyseur de grandes émotions, mais par trop...

le 16 avr. 2013

20 j'aime

2

L'Important c'est d'aimer
LouvedAvalon
10

L'Important c'est qu'il ne laisse pas indifférent

Ce film divise et ce film me divise aussi même après revisionage, je dirais surtout pour ce sentiment d'attraction-répulsion constant. Au delà de la recherche du sordide, du subversif volontaire, de...

le 11 mars 2018

19 j'aime

37

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6