L'Important c'est d'aimer est mon tout premier Zulawski et maintenant je n'ai envie que d'une seule chose, explorer plus en profondeur sa filmographie. J'aime ce cinéma très exubérant, visuel et formaliste.


Nadine (Romy Schneider) est une actrice "ratée" qui, faute de rôles, se retrouve sur le plateau d'un film horrifico-pornographique. Elle est marié à un homme "rêveur" Jacques (Jacques Dutronc), mais tombe amoureuse d'un photographe "beau gosse" Servais (Fabio Testi) rencontré sur le plateau du film. Servais lui aussi tombe amoureux d'elle et veut l'aider à reprendre sa carrière en main. C'est alors qu'il arrive à convaincre Klaus Kinski (il joue quasiment son propre rôle) de l'engager dans la pièce qu'il est en train de monter (la représentation de Richard III).


Ce triangle amoureux est très touchant et magnifiquement mis en scène. Les personnages sont tous très hauts en couleurs, bien servis par un casting de sales gueules. Ce mélange de gueules cassées (Klaus Kinski, Michel Robin et Roger Blin) et de gueules d'anges (Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc) créé une jolie dynamique. Les plans, l'éclairage ainsi que l'interprétation sont là pour nous plonger dans l'ambiance du film, une ambiance très étrange et unique. C'est un mélodrame qui n'y va pas avec le dos de la cuillère, tous les sentiments sont exacerbés ici. Quand c'est violent, c'est très violent. Quand c'est troublant, c'est très troublant. Quand c'est sulfureux, c'est très sulfureux.


Romy Schneider est sublime et d'une fragilité à fleur de peau. Son jeu est d'une véracité déconcertante, au point où on se demande si elle ne joue pas elle-même, celui d'une actrice déchue qui vit une descente en enfer. Elle a amplement mérité son premier césar pour ce rôle. Quant à Jacques Dutronc, son jeu est d'une sensibilité déconcertante dans le rôle du clown triste. Pour moi, la réussite du film tient beaucoup sur les épaules du couple Jacques Dutronc - Romy Schneider, lui véritable écorché vif, paumé et triste et elle d'une beauté et d'un naturel désarmant. Et si le jeu sans aucune retenue de Klaus Kinski peut en agacer certains, littéralement il en fait des tonnes, moi j'adore.


L'Important c'est d'aimer surprend da part son côté singulier, excessif et outrancier. Comme dans le cinéma de David Lynch, certaines séquences s'écartent du réel et se rapprochent plus du rêve hallucinatoire ou du phantasme. Ce n'est vraiment pas un film à mettre dans toutes les mains, il faut s'y préparer car vous serez bousculé par les sentiments et heurté "voir même dégoûté" par certaines images. C'est souvent étrange et parfois (mais pas toujours) fabuleux.

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le 25 août 2021

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