Fille(s) de

Le film nous propulse d'entrée dans l'outrance d'une première scène théâtrale aux couleurs contrastées et nous rappelle au passage de qui Asia Argento est la fille. Fille de, filles de, tel est le sujet d'une fiction très personnelle dans laquelle la réalisatrice ne nous livre pas une partition autobiographique mais une variation sur la différence et la norme, le désir d'aimer et d'être aimé.

Flanquée de parents infantiles et narcissiques à l'inconstance pesante et de deux demi-sœurs pas vraiment friendly, Aria avance cahin-caha entre élans de rêverie naïve et pulsions provocantes. Les parents sont riches et célèbres, se séparent et se détestent, se renvoient la gamine au gré de leurs humeurs. Aria tient le coup la plupart du temps mais flanche parfois, et on la comprend.

Rythmé et pop à tendance tragi-comique, très travaillé visuellement, L'incomprise avance par vignettes s'associant pour construire le portrait d'une enfant seule mais déterminée, cherchant par tous les moyens à être vue, entendue, aimée.

Dans le rôle titre, la jeune Giulia Salerno impressionne par le mélange de candeur et de volontarisme avec lequel elle construit son personnage. À ses côtés, Gabriel Garko est impeccable en père superstitieux et Charlotte Gainsbourg décoiffante en mère bipolaire.

Singulier et attachant, L'incomprise est un film à voir.