"Si vous serrez la main d'un fou furieux, vous vendez peut-être votre âme au diable..."

L'inconnu du Nord Express souffre d'un relatif manque de reconnaissance lorsqu'il s'agit d'évoquer les meilleurs films du maître. Peut-être est-ce dû à l'absence de star dans les rôles principaux ou bien au fait que le film ne soit pas en couleur.

Pourtant, "Strangers on a Train" est un morceau de choix, dans lequel l'immense talent du réalisateur est pleinement exprimé.

A partir de ce Pitch "Si vous serrez la main d'un fou furieux, vous vendez peut-être votre âme au diable..." Hitch signe une œuvre immersive au possible, machiavélique comme à l'accoutumée, et emplie de scènes époustouflantes.
Très vite, la mécanique implacable se met en place, le personnage principal, (un joueur de tennis cherchant à divorcer de sa femme infidèle) se trouve pris dans une situation inextricable initiée par cet inconnu du train. Lorsqu'il a l'occasion d'éviter le piège, il prend la mauvaise décision (comme le font souvent les personnages d'Hitchcock), se compromettant un peu plus encore.

La tension est également accentuée par une réalisation exceptionnelle, faite de jeux d'ombres expressionnistes (l'ombre de l'inconnu inquiétant, devant Washington Monument), d'effets miroir (un meurtre filmé dans une paire de lunettes) ou d'action simultanées (le match de tennis magnifiquement filmé entrecoupé par l'effort produit par l'inconnu pour récupérer un briquet).

Cependant la "Masterpiece" restera évidemment la scène finale durant laquelle un forain devra passer sous un manège de chevaux de bois tournant à allure vertigineuse. La scène fut réalisée sans trucage, ce qui inquiéta fortement Hitch.

Pour désamorcer parfois la tension persistante, et préserver l'équilibre du film, nous assistons également à quelques scènes comiques de bon aloi impliquant la truculente Barbara interprétée par la fille du réalisateur.

Bref nous avons à faire à un très grand film.