Bruno, un inconnu rencontré dans un train, propose à Guy Haines, un tennisman connu, un échange de meurtres : Bruno tuera son épouse qui refuse le divorce, privant Guy d'un nouveau mariage brillant, et Guy tuera en échange le père de Bruno. Guy répond évasivement et découvre rapidement que son épouse encombrante a été assassinée. Bruno attend que Guy remplisse maintenant sa part du marché....


Avec Le crime était presque parfait, c'est une des meilleures entrées possible dans le cinéma de Hitchcock. Un Hitchcock classique, centré sur la narration, sans la démesure et la perfection des trois grands (Vertigo, Psychose, La mort aux trousses). La meilleure partie est clairement le début, avec l'anxiété de Guy, qui voit au loin, dans la profondeur de champ, la silhouette de Bruno se découper sur des marches de perron, ou introduire son imprévisible et inquiétante personne dans les salons à boiserie des soirées mondaines de Washington.


C'est aussi une bonne introduction à ce qu'est le suspense hitchcockien, même si la scène de tennis est un peu plus appuyée et artificielle que dans mon souvenir. La plupart des plans montrent des décors et des gestes de tous les jours, mais l'enjeu narratif derrière leur confère une tension dramatique. Le découpage des scènes dans la fête foraine est un modèle de narration. Il faut évidemment citer le fameux plan sur le meurtre vu dans le reflet des lunettes, qui constituent ensuite un motif récurrent. Le film a vieilli sur quelques aspects, comme certaines transparences sur la scène finale du manège.


Les interprètes sont bons, même si le film transpire une certaine misogynie, avec une Ruth Roman décorative, cantonnée à des plans d'inserts montrant qu'elle est intriguée, sans jouer un rôle déterminant dans la narration. Et les autres avatars féminins ne valent guère mieux. On retrouve aussi le goût de Hitchcock pour les sous-entendus paillards (le jeu de la cloche et du maillet, le personnage de Barbara...). Robert Walker porte en grande partie le film, et joue un méchant mémorable : brillant, dérangé, insaisissable et obsédé par une mère qui lui passe tout.


L'inconnu du Nord-Express est un Hitchcock classique, bien mené, efficace, sans l'ampleur et l'ambition de la fin de carrière.

zardoz6704
7
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le 14 janv. 2020

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zardoz6704

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