Le jeune cinéaste russe Ivan I. Tverdovsky montre depuis ses débuts une certaine attirance pour les personnages en marge, rejetés par la société, à l'image de son héroïne dotée d'un appendice caudal dans l'étrange Zoologie. Dans son troisième film, Jumpman, c'est un adolescent, sorti de l'orphelinat, qui devient le complice d'une vaste arnaque destinée à faire chanter des citoyens pleins aux as. Cette fois-ci, le portrait du personnage principal, peu accentué du point de vue psychologique, et c'est son point faible, laisse beaucoup de place pour une critique assez radicale de la corruption des systèmes policier et judiciaire russes. Mais Tverdovsky ne le fait pas à la façon d'un Zviaguintsev ou d'un Bykov, son cinéma est plus allusif, presque onirique, par instant, et en tous cas rarement explicite. C'est ce qui fait la fragilité de Jumpman mais aussi sa force, un film jamais appuyé et qui laisse de la place à l'imagination. Cependant, le constat est glacé : le jeune garçon est plus heureux dans l'environnement de l'orphelinat, où il trouve au moins un compagnonnage solidaire, que dans l'immensité moscovite où tous ceux qu'il côtoie sont impitoyables et cupides, à commencer par sa mère qui semble dénuée de tout sentiment d'affection. Est-ce la société qui en a fait des êtres insensibles ou leur caractère qui a rendu la société aussi dépourvue d'humanité ?

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon Arras Film Festival 2018, Cinéma russe (2010-2018) et Au fil(m) de 2019

Créée

le 11 nov. 2018

Critique lue 448 fois

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 448 fois

D'autres avis sur L'Insensible

L'Insensible
tzamety
9

"There are jumpers and those who make them jump. You, you jump !"

Après avoir réalisé divers courts et moyens métrages, principalement des documentaires, Ivan I. Tverdovski est passé, avec Classe à part, au format long. Pour son nouveau projet, l’auteur décrit...

le 6 mars 2019

1 j'aime

L'Insensible
LeContemplateur
6

Dans du coton

Le thème du film est intéressant. Un jeune souffrant d'une maladie très rare et ne ressentant pas la douleur se retrouve à réaliser des actions pour des actionnaires corrompus. J'ai aimé...

le 24 sept. 2019

L'Insensible
Cinephile-doux
7

Corruption et cupidité

Le jeune cinéaste russe Ivan I. Tverdovsky montre depuis ses débuts une certaine attirance pour les personnages en marge, rejetés par la société, à l'image de son héroïne dotée d'un appendice caudal...

le 11 nov. 2018

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

74 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13