Les mots demeurent toujours des armes

Et si un simple différent prenait des proportions telles qu'aucuns des partis ne pouvaient en démordre ? Et si ce différent à lieu dans un pays qui panse ses plaies et qui gardent des préjugés sur des personnes qui de bases n'avaient rien demandé ? C'est la question que s'est posé Ziad Doueiri et il a donné un élément de réponse dans L'Insulte, un film qui a été une grosse surprise tant je m'attendais à un film artistique banal, mais qui se révèle être un drame social bien mené.



Le film commence doucement...pour gagner en intensité



Je ne connais pas la série Baron Noir avec Kad Merad. Mais force est de constater que le réalisateur maîtrise vraiment son sujet. Après un début plutôt calme, la réalisation gagne en intensité et est de plus en plus inventive. Ce qui est bien est qu'il nous présente bien les personnages ainsi que le contexte politique du pays. Le film de part son ambiance et la musique fait une bonne montée en tension entre les 2 acteurs de l'affaire qui sont témoins de l'envenimement de la situation. Le film se permet de voir à quel point le film expose les blessures et les rancœurs de chacun des protagonistes et montre à quel point une simple dispute peut devenir une affaire politique. Et c'est pour ça que dans le film, ce sont les protagonistes qui portent vraiment le message du film.



Les fortes têtes ont toujours tort



Tony Hanna (Adel Karam) est un garagiste libanais chrétien un peu sanguin qui a quitté son village et attend son premier enfant. C'est un homme qui ne se laisse pas faire et est vraiment politisé. Les blessures qu'il a subit dans sa jeunesse lui a rendu méfiant envers les réfugiés palestiniens. Ainsi, lorsque son différent avec Yasser n'arrive pas à le satisfaire, il veut que juste soit fait mais sans que tout lui échappe, chose que sa propre famille lui font remarquer, malgré leur soutien.


Yasser Salameh (Kamel El Basha) est le réfugié palestinien, contremaître de Talal exigent et perfectionniste. Mais, il s'agit d'une personne qui lui aussi ne se laisse pas faire. Ancien soldat, son insulte aura des proportions que lui même ne contrôlera pas. En effet, il connaît le rejet et le fait qu'il est difficile pour lui de travailler au Liban fera qu'il est tiraillé entre sa fierté et le fait qu'il risque de tout perdre s'il est reconnu coupable.


Entre les 2 hommes on a Talal (Talal Jurdi) qui souhaite trouver une issue pacifique entre les 2 hommes mais qui échoue à cause de leur caractère respectifs. On a aussi les épouses Shirine (Rita Hayek ) et Manal (Christine Choueiri) qui sont au centre de tout et qui apportent leurs soutiens à leurs maris respectifs. Shirine est plus mise en avant car il s'agit d'une futur mère. D'abord soutien, elle va de plus en plus remettre en question les décisions de son mari. Cela sera de plus en plus difficile quand cette affaire aura des répercutions sur sa grossesse où elle se mettra en danger pour lui


Ce dernier convalescent se sentira mal et elle va risquer sa santé en l'aidant, ce qui a entraîné des complications


D'autres personnages qu'on n'attendait pas sont les avocats . Nadine Wehbe (Diamand Bou Abboud) et son père Wajdi (Camille Salameh) utiliseront malgré eux cette affaire pour leurs intérêts personnels ou politique. Nadine a des intentions plus nobles malgré tout dans la mesure où la réaction de Toni était disproportionné mais dans les faits elle veut aussi prouvé qu'elle est une aussi bonne avocate que son père. Bref, au fur et à mesure, l'affaire échappera à tous contrôle des protagonistes qui vont voir leur affaire porté jusqu'aux hautes sphères, alors que les juges respectives avaient tout de suite cerner et voulaient minimiser leurs portés.



S'excuser ne suffit plus



L'histoire est très bien racontée et nous immerge bien dans la porté délicate. Si le message du film n'est pas simplement "faites la paix pas la guerre", il montre en revanche qu'aucune affaire n'est simple si les 2 parties n'arrivent pas à un terrain d'entente. Surtout ici, les 2 hommes renferment un passé lourd et qu'aucun d'eux n'a complètement raison ou tord de rester camper dans leur positions.. Au final, les réaction de Yasser sont regrettables certes mais logiques. De même, Tony bien que sanguin possède un passé lourd. Cela montre que se comprendre comme dans Naruto ne marche que dans les fictions quand on a un passé qu'on ne veut pas oublier. Surtout au final, chacun regrette les proportions que l'affaire prend mais aucun ne veut baisser la garde, jusqu'au moment, où chacun fera en privé le premier pas au point qu'ils seront quittes bien avant la délibération. On a donc un final incroyablement bien traité et qui ne fait pas redite. je ne spoilerai pas la fin car elle est à voir. Bref, 10 / 10 au niveau de l'histoire et le scénario.



Futur Oscar du meilleur film étranger ?



Je pense qu'il a toute ses chances. Je n'ai pas vu Corps et Âme et The Square ne m'a pas intrigué, mais l'Insulte est un très bon film judiciaires, même si je trouve qu'il commence bien trop doucement. Mais cela est voulu pour qu'on soit plongé à corp perdu dans le métrage. Bref, un film à voir et qui a valu le Prix de la Meilleur acteur dans un second rôle pour Kamel El Basha (en même temps sa scène finale est vraiment incroyable de justesse).

Créée

le 28 janv. 2018

Critique lue 312 fois

Neo Cosmic

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