Le Liban. Sa guerre, ses cèdres, sa cuisine. Cliché, cliché, cliché, et pas grand-chose d'autre en stock au-delà de ça. C'était donc l'occasion d'approfondir un peu et, de ce point de vue au moins, c'était plutôt une bonne idée. Le film en dit long sur la reconstruction urbaine hâtive, l'explosivité du climat en raison de la coexistence de différents groupes ethniques, les tensions sociales tout autant que les aspirations d'une génération plutôt mondialisée. Aussi peut-on passer outre certaines facilités scénaristiques (la compétition tendue entre la jeune avocate et son père roué, par exemple, ou le rebondissement final du procès, voire l'effacement étonnant des épouses dans le conflit entre les maris...) pour profiter pleinement de la dégringolade presque risible de ces deux têtes de pioche qui s'embrouillent à mort pour une histoire d'écoulement d'eau. Ce qui pourrait passer pour la chronique d'une querelle de voisinage tourne au drame national, un peu aux forceps, mais permet au scénario d'aborder un sujet grave sans passer par la case exposé historique pesant. Au-delà de ça, il y a une réflexion assez fertile sur les traumatismes et leur façon de s'enfouir profondément dans les psychés pour pourrir sournoisement à peu près tous les aspects de l'existence humaine. Comme dans Le silence des autres, ça remet en question la validité des lois d'amnistie qui permettent à un pays déchiré d'aller de l'avant, dans un premier temps. Mais il s'agit juste d'une première étape, la suite, on la découvre avec le recul historique.