Superbe mélodrame réaliste, mis en scène par Mizoguchi avec une sécheresse et une sobriété qui n'empêche pas certaines envolées lyriques aussi bouleversantes qu'elles sont rares, "l'Intendant Sansho" est un film long et envoûtant, qui nous emmène à la suite d'une famille détruite à cause de la générosité d'un père (une générosité décalée par rapport à la cruauté de son époque) jusqu'au bout de l'émotion. Tout en retravaillant ses thèmes de prédilection (l'oppression, la cruauté des puissants, la prostitution, la noblesse de la femme), Mizoguchi en offre dans "l'Intendant Sansho" une lecture plus radicalement politique, qui culmine pendant les dernières quarante-cinq minutes, d'une grande tension et d'une profonde émotion (il est impossible de rester les yeux secs à la dernière scène !). On comprend alors la raison de la construction très linéaire d'un récit qui a pu sembler jusque là très appliqué, voire même par instants fastidieux : en arriver exactement là où le grand maître voulait nous emmener, après avoir été témoins de cruautés et de déchirements interminables, c'est-à-dire à la révolte, puis à la plus profonde humanité. [Critique écrite en 1982 et complétée en 2006]

EricDebarnot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films japonais et Tous les films vus en 1982

Créée

le 7 oct. 2016

Critique lue 420 fois

8 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 420 fois

8

D'autres avis sur L'Intendant Sansho

L'Intendant Sansho
EIA
10

Mizoguchi, cinéaste révolté

Deuxième Mizoguchi pour moi et deuxième claque dans ma figure, restons polie. D'ailleurs pendant que je vous écris je change tout de suite ma note d'un 9 à 10, mon côté grande âme sensible a pris le...

Par

le 27 août 2013

38 j'aime

22

L'Intendant Sansho
Docteur_Jivago
8

La condition de l'Homme

C'est au coeur du Japon du XIème siècle que Kenji Mizoguchi nous immerge avec L'Intendant Sansho, pour y suivre le destin d'une femme mais surtout de ses deux enfants qui vont se retrouver esclave du...

le 28 mars 2016

37 j'aime

4

L'Intendant Sansho
Thaddeus
9

De la piété à l'humanisme

L'œuvre de Kenji Mizoguchi est difficile à aborder et L'Intendant Sansho n'échappe pas à la règle. Tout ici, par l'effort conjugué de l'intelligence la plus vaste et de la sensibilité la plus...

le 12 oct. 2014

20 j'aime

5

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

184 j'aime

25