Après le triomphe de La vie des autres (moins bon que sa réputation) et le naufrage de The Tourist (aussi pire), Florian Henckel von Donnersmarck s'est lancé dans un bien ambitieux projet avec L'œuvre sans auteur, de plus de 3 heures, se déroulant dans 3 Allemagnes (nazie, de l'Est, de l'Ouest). Malgré sa durée, le film méritait d'être exploité sans être scindé en deux parties, comme So long, my Son, à la longueur équivalente. Sur le papier, cette histoire d'un peintre qui a commencé dans le réalisme socialiste de la RDA avant de rejoindre l'école abstraite de Düsseldorf, inspiré par la vie de Gerhard Richter, avait tout pour composer une fresque passionnante. D'où une certaine déception devant un film assez plat, mis en scène de façon académique, et peu équilibré à cause d'une surenchère narrative où le vrai sujet : le mystère de la création artistique, est parasité par le personnage du beau-père du héros, censé représenter jusqu'à la caricature le "mauvais" allemand qui sert sans ciller le 3ème Reich puis la RDA et la RFA. L'archétype du salaud face à son gentil gendre, ce qui aurait pu d'ailleurs valoir de vrais affrontements entre les deux mais là encore le film manque d'envergure dans ses dialogues et sa réalisation. Il vaut mieux passer vite également sur le personnage incarné par Paula Beer, magnifique actrice mais ici réduite au rôle de compagne et de soutien de son artiste de mari et filmée nue les 3/4 du temps. Malgré de grosses lacunes et un manque de personnalité, L'œuvre sans auteur se voit sans ennui, de par le soin apporté aux reconstitutions d'époque et des interprétations, celle de Sebastian Koch, notamment, qui tiennent la route. Le film ne peut être décemment qualifié d'œuvre sans auteur mais sans point de vue, si, malheureusement, son mot d'ordre le plus puissant étant : "Tout ce qui est vrai est beau." Que voulez-vous rétorquer à une affirmation aussi péremptoire ?

Cinephile-doux
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le 21 juil. 2019

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