5 étoiles parce que 7 pour le sujet et le romanesque, et 3 pour la réalisation


Le film, inspiré d’une biographie consacrée à Gerhard Richter qui sous-tend largement son scenario, retrace assez fidèlement certains épisodes de la vie du peintre allemand, prise entre le nazisme et le communisme de la RDA.


Il vaut surtout pour son sujet : l’art n’est pas un geste anodin, une simple « idée » qu’il faut trouver ; c’est ce qui nous constitue, ce qui nous innerve. On y parle donc d’Art, et de la place du peintre dans son œuvre (le « Ich, ich, ich », exécré par l’idéologie socialiste de la RDA est au contraire revendiqué par les artistes de l’ouest), d’avant gardisme, de la mort de la peinture, d’amour, de tragédie allemande, des idéologies nazies, de l’histoire ambiguë de ces scientifiques du XXe siècle qui ont servi toutes les dictatures sans aucun cas de conscience, des transfuges d’erreurs et d’horreurs du nazisme au communisme. De l'Allemagne dominée par les nazis à l'Allemagne dominée par le communisme, les attentes de l'activité artistique sont identiques et les atrocités commises sur les femmes au nom de la pureté de la race perdurent.
Cette fresque historico-familiale de trois heures qui couvre plus de 30 ans et trois régimes d’histoire allemande, vaut aussi pour sa dimension romanesque certaine. On prend donc du plaisir au récit.
Mais tout ceci est gâché par une mise en scène d’un académisme vieillot affligeant, ce qui est un comble pour un film qui traite de la modernité dans l’art et dans l’innovation dans la manière de représenter.
« Une œuvre sans auteur » a le charme désuet d’une fresque historique et familiale aux allures de série estivale de France Télévision. Tout est appuyé, démonstratif, d’une lourdeur absolue dans le traitement, sans suggestion ni ellipse. Kitsch des mouvements de caméra tournoyant autour d’une héroïne subjuguée par le concert de klaxons de bus ; chorégraphies de jeunes gens hilares nettoyant des escaliers, images proprettes d’une caméra numérique rendant tout bien léché et esthétisant même Dresde en ruine ; fin en queue de poisson (quid du père médecin : arrêté, pendu, en fuite .. ?) musique symphonique outrageusement présente et illustrative, interprétation bien mièvre et sans profondeur du protagoniste principal qui manque d'épaisseur…


La France a Lelouch, l’Allemagne a Henckel von Donnersmarck. Chabadabada….

kinophil
5
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le 12 août 2020

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kinophil

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