L’Obsédé / The Collector est un film fascinant, par son atmosphère et ses acteurs troublant, presque dérangeants. On n’arrive pas à détester le personnage de Terence Stamp, qui inspire malgré tout une forme de pitié et de compassion. Son jeu de manipulation est parfaitement suivi par Samantha Eggar, les deux acteurs sont incroyables dans leur rôles respectifs, très juste et captivants.
La mise en scène, la musique, le travail du décor et des costumes alimentent intelligemment le scénario : Miranda, sa chevelure rousse et ses vêtement colorés apportent les seules éléments vifs dans un univers froids et ternes, tous sous la coupe du regard bleu glacial et transperçant de son geôlier, comme un oiseau exotique en cage dans un monde obscur, étouffant. Côté bande-son, les alternances des styles musicaux et les ruptures de ton contribuent à garder la tension du film, à souligner ce jeu pervers de chat et de la souris (ici surtout mental).
William Wyler prend son temps pour développer ses personnages, la lente transformation de leur relation, corrélé avec une tension toujours palpable, jusqu’au final brusque. Malgré son sujet, il ne verse jamais dans le sensationnalisme ou le spectaculaire facile, tout y est maîtrisé et pragmatique, rendant l'œuvre encore plus dérangeante. Film inattendu, L’Obsédé / The Collector mérite grandement d’être (re)découvert, et a sans nulle doute inspiré nombre d’acteurs, scénaristes et réalisateurs par la suite.