La conquête à tout prix

Odyssée d’un homme qui poursuivit son rêve, celui de conquérir puis préserver les profondeurs aquatiques ; odyssée d’une famille tributaire de ce même rêve, ballottée, façonnée par lui. C’est par la tension entre ces deux pôles que Jérôme Salle choisit de raconter le destin extraordinaire du commandant Cousteau et de ses proches, livrant un film solide et intéressant. Les acteurs livrent de belles prestations, accompagnés par des effets-maquillage saisissants de réalisme. Il n’empêche que la réalisation semble peu à peu s’épuiser : emportant d’abord le spectateur par sa fluidité réjouissante – je vois les enfants courir et je me sens avec eux, cette main plongée dans l’océan depuis le bateau pourrait être la mienne –, elle tombe rapidement dans une tendance plan-plan qui affaiblit le rythme général. Les effets sont trop lourdement calibrés pour susciter la moindre surprise ; le spectateur nage dans des eaux calmes et familières. Un peu trop académique dans la restitution des faits, L’Odyssée se rattrape par un beau final dépourvu de grandiloquence, dressant un portrait avant tout humain de son personnage principal. Comme à son habitude, Alexandre Desplat livre une remarquable composition musicale qui tire le film vers le haut et lui apporte une poésie d’ensemble, une légèreté embrassant dans un même mouvement émerveillement et mélancolie. Pour un bon film, en somme.