Alors, la 3D. J'aime pas, ça fait mal aux yeux, mal à la tête.
Les réflexions sur Dieu et sur la forme qu'il doit prendre m'ont parues sans grand intérêt, et parfois même un peu niaises : elles auraient pu poser les bases du "voyage" qui allait suivre, commencer à nous faire nous échapper de la salle. Mais non, à la place de ça, Ang Lee insère des dieux les uns après les autres, sans trop savoir pourquoi, et moi je suis toujours assise sur mon fauteuil, avec une dégustation de pop-corn juste à côté de moi.
Les flash-forward en plein milieu de l'odyssée, bien qu'ils ne soient pas si nombreux, m'ont à chaque fois extraite du rêve dans lequel je baignais - pas très, très agréable je dois dire.
Et puis j'ai trouvé l'auteur canadien amené par Mamaji bien fade, comparé à l'histoire qui lui est raconté. En le voyant au début du film je me suis dit : c'est typiquement le genre de mec qui, à la fin de l'histoire, va sortir un truc du genre "Je sais pas quoi dire, c'est merveilleux". Bah voilà, bingo, à un mot près j'y étais.
Et pourtant ... Je dois dire que ce film m'a procuré un sentiment de bonheur bête et émerveillé, de liberté, une sensation de plaisir onirique et surréaliste, et autres délices dans le genre, dont j'avais presque oublié l'existence. Après avoir vu la bande annonce, j'étais venue pour rêver - je dois dire que ça a plutôt bien marché. Je n'ai jamais vu des étoiles briller aussi fort, des couchers de soleil inonder aussi généreusement un visage, une mer aussi immense et aussi majestueuse, des nuages aussi doux, ... Je n'ai jamais vu une nature autant célébrée dans toute sa grandeur.
Alors certes, le rêve ne commence pas très bien. Le naufrage a plutôt l'allure d'un cauchemar sans issue où on appelle au secours à s'en griller les amygdales - mais Appa, Amma et le frangin ne peuvent plus nous entendre. Le côtoiement de la hyène et la disparition de quelques compagnons de route ne sont pas très doux non plus. Mais au fil des affrontements avec Richard Parker, des tentatives de dressage, de la construction du radeau, des caprices du ciel, des illuminations et des malheurs de Pi, et des spectacles que la nature va lui offrir, ce qui devait être calvaire insoutenable au départ se transforme en odyssée, avec toute la noblesse que ce terme suppose.
Il faut dire que Pi est un garçon particulièrement épatant, parfois aussi fascinant que ce qui l'entoure, et on s'attache très rapidement à lui. C'est peut-être l'autre merveille du film, après la qualité esthétique exceptionnelle de cette odyssée.
L'humour apporte également un petit quelque chose supplémentaire, qui fait de ce périple non seulement une magnifique ode à la nature et aux grands espaces, mais aussi une belle histoire, colorée et singulière.
Au final, c'est un film qui inspire, agité et reposant à la fois, d'une beauté certes peu naturelle mais éblouissante et qui fait renaître des émotions insoupçonnées.
Voilà une histoire comme on aimerait s'en entendre faire raconter tous les soirs, parce que mes rêves manquent terriblement d'infinis océans, de couchers de soleil, d'eaux phosphorescentes, de suricates et de tigres du Bengale qui s'en vont sans dire au revoir.