L'Odyssée de Pi par B-Lyndon
Ca avait été un de mes quatre grands films de l'année 2012 et j'appréhendais un peu avant de le revoir aujourd'hui, simplement parce que j'avais un peu peur que l'éblouissement visuel inoubliable de la découverte sur grand écran se dilue nettement dans le passage au petit écran, et puis que le film ne soit finalement qu'une coquille vide, une attraction foraine destinée à en mettre plein la vue sans que je ne m'en sois aperçu à la première vision. Maintenant j'ai la certitude qu'il s'agisse d'un grand, d'un très grand film, d'une finesse, d'une subtilité, d'une humanité et d'une beauté à tomber par terre. Le film est d'ailleurs plein de pudeur, jamais dans la démonstration de force : la technique est au service de l'histoire, et la mise en scène se charge tout le temps de lier les deux : L'Odyssée de Pi raconte des centaines d'histoires toutes connectées, liées, entremêlées et explorées esthétiquement. Ang Lee réussit notamment deux trucs dingues à travers ce film : d'abord, le projet était piégé de tous les côtés, menacé à tout moment par un basculement vers l'esthétique publicitaire. Pendant 125 minutes et autant de trucages numériques et d'effets spéciaux, il ne cède pourtant pas UNE seconde à ça, en trouvant, pour se faire, un souffle classique et imprégné de merveilleux. Et puis, la fin, magnifique, où l'histoire se dénoue en plan fixe, sans esbroufes, sans pathos, un simple monologue où tous les fils qu'aura pris soin de délier le film se rejoignent et en même temps, se libèrent. C'est sublime...