Parmi sa filmographie, L'ombre d'un doute était le préféré d'Alfred Hitchcock. Je peux le comprendre dans le sens où le personnage principal, joué par Joseph Cotten, est un salaud qui se veut mielleux dans sa famille qui l'héberge, alors qu'il fut traqué à New York pour la disparition suspecte de veuves.
A Los Angeles, personne ne peut le soupçonner, y compris sa nièce qui lui voue une admiration sans bornes. Mais peu à peu, le visage lisse va finir par se craqueler...
Porté les excellents Teresa Wright et Joseph Cotten, L'ombre d'un doute est presque un documentaire sur la psyché d'un homme qui s'enfonce de plus en plus dans son mensonge, et d'une jeune adolescente qui passe brutalement de l'innocence à l'âge adulte. Il y a quelque aussi d'impressionnant dans la mise en mise en scène, où les quelques plans au début d'un New York froid sont violemment opposés au soleil de Los Angeles, alors qu'au fond, l'histoire laisse planer pas mal de zones d'ombre.
C'est aussi le premier film d'Hitchcock à 100 % américain, équipe technique comme acteurs, et on sent dans ce qui était déjà son 29eme long-métrage une maitrise totale, aussi bien de la montée en tension, que d'un duel qui s'amorce entre ces deux êtres. D'ailleurs, l'évolution du personnage de Teresa Wright est intéressante, car on la voit presque devenir quelqu'un d'autre au fur et à mesure que ses doutes envers son oncle s'amplifient.
Il en résulte un très bon film, Hitchcockien en diable, dont les dernières secondes ont quelque chose de doux-amer, sur ce fameux passage, et tout est dit en un soupir.