Après La Corde et Pas de printemps pour Marnie, troisième déboulonnage du cinéaste le plus surcoté du 7e art ( nonobstant les sublimes Sueurs froides et Psychose ).
Fidèle affidé, ceci n'est pas un exercice de déglingue pour la déglingue ; juste une tentative de te (re)mettre les yeux en face des orbites ; c'est bien sûr sans espoir... mais ça me fait du bien.
1/ Réglons d’emblée le sempiternel problème de la musique : Hitchcock, maître de l'artifice, vous colle des violons surpuissants dans les portugaises pour combler la vacuité des scènes sans suspense (l'oncle Charlie dans sa chambre, l'oncle Charlie qui se met une rose à la boutonnière...) ; et quand nous sommes au contraire censés avoir affaire à du suspense … …. 50 000 éléphants barrissant de concert feraient moins de potin : « poursuite » du début, nièce se rendant à la bibliothèque municipale...
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
2/ Poursuivons avec l'artifice sous les traits de la nièce --- qui en pince pour son oncle à un degré qui frise le ridicule, voire l'indécence (mais le Maître peut tout se permettre).
. Tonton va venir ; elle le sent, elle le sait (discours sur la télépathie !!).
. Tonton est ... spécial (ça oui) ; elle le sent, elle le sait.
. Le soi-disant enquêteur-sociologue est un détective ; elle le sent, elle le sait (on n'aura AUCUN BRIN de conversation entre les deux permettant de juger d'une légitime suspicion).
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
3/ Tonton est arrivé dans une famille tranquille (chez sa sœur : insupportable bavarde, précieuse, tyran domestique à la langue de velours).
UNE DEMI-HEURE de soupe et de sirop pour nous présenter cette famille et essayer de faire surgir ensuite le malaise via le tonton pas forcément si bon !
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
4/ Le tonton et sa nièce (tout juste sortie du lycée?!) se "kiffent" tellement qu'il lui offre une bague volée avec gravée les initiales de Machin qui aime Machine !!!
Il devait penser que sa cruche de nièce ne regarderait jamais à l'intérieur de l'anneau...
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
5/ Le précautionneux Tonton --- qui doit vraiment avoir quelque chose à se reprocher --- fait disparaître l'article d'un journal [le compromettant ?] ... mais le voilà frimant à la banque, embarrassant son beau-frère et sa nièce. Doit-on comprendre que cet écart de conduite est dû à une déficience mentale de tonton ?
[40 000 $,] It's a joke to me.
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE...
6/ Deux enquêteurs genre INSEE viennent fouiner dans la famille. Ce sont des flics. Coup de bol, l'un est séduisant. Il sort la nièce. Comme dit plus haut, elle sent la flicaille (on ne sait pas comment). Il avoue en être et prévient que Tonton est peut-être méchant garçon.
7/ Elle file à la bibliothèque municipale essayer dégoter le journal dans lequel Tonton a découpé l'article. Il est plus de 21h. C'est donc fermé, mais on lui ouvre quand même. Reproches. Ça allonge la sauce d'Alfred.
Vers 1:00:22, et pendant 44 secondes (!!), Hitchcock nous fait lire l'article que Tonton a essayé de 'caviarder' : c'est mieux que de s'emmerder à mettre en scène des personnes qui dialoguent, non ?!
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
8/ Nouvel accès de confiance, à table. Tonton se met à assassiner verbalement les vieilles rombières (« fat wheezing animals ») qui dilapident l'argent de leurs défunts maris. Les doutes de la nièce, du coup...
MAIS DE CELA, L'AFFIDÉ N'A CURE
Tonton finit par implicitement avouer à sa « little girl » (!) qu'il trucide des veuves.
Pauvre Charlotte.
Elle aime (aimait) tant son oncle... comme sa mère qui ADORE son frère. Si maman sait, maman meurt. Que faire ? Tempête sous un joli crâne...
Il faudra ensuite compter sur un voisin, ami du père, obsédé par le meurtre parfait (comme par hasard) et furetant en permanence du côté de la famille --- c'est bien pratique ça aussi --- pour … pour...
Allez, on arrête les frais.
la toute fin, une fois encore chez Hitchcock, est effrayante de nullité.
Quand vous égrenez ce tissu de facilités --- parfois exaspérantes --- vous vous demandez comment il est possible de noter au-dessus de 5.
( et je ne me suis pas étendu sur ces gros plans destinés aux seuls spectateurs : quand Tonton est nerveux ou Charlotte suspicieuse... apparemment ni l'un ni l'autre ne s'en aperçoit !!! )
Oui, mais voilà, d'autres font pire (surtout aujourd'hui) et puis, dans L'Ombre d'un doute, ça joue bien ; l'image est en outre superbe, la caméra est hyper-sensuelle.
On a donc beau s'agacer, on reste devant l’écran à vouloir connaître la suite.
L'affidé, ça lui suffit pour remettre un cierge...