Raah ça vaut quand même un peu plus que 7. C'est le deuxième Hitchcock qui me donne des frissons après Vertigo. Rien à voir avec la vague multiple et intense qui me traversa l'échine jusque dans le bas du dos lors de Vertigo mais la scène où Charlie va à la bibliothèque et lit le journal...!! C'est pourtant simple et tellement connu ce plan du journal mais celui-ci est particulièrement bien amené. C'est aussi simple et tellement connu cette situation de doute pressée jusqu'à la dernière goutte, jusque dans "Les nerfs à vif"... C'est là qu'on mesure le fossé qui sépare le Scorsese, qui ne me déplait pas j'avoue, vieux souvenir mieux vaut garder, et Hitchcock qui déploie des trésors de réalisation pour nous toucher par des situations tellement plus normales, mais autrement plus réelles et tendues.

Dés la première scène, Oncle Charlie / Charles fume allongé dans sa chambre d'hôtel, laisse traîner ses billets, et esquive deux personnes qui semblent le filer sans le connaître. Le trublion n'est pas net, l'exercice presque naïf. Le spectateur est à la fois prévenu et finement ménagé. Après une sympathique présentation familiale où Charlie est heureuse, innocente et espiègle, le film bascule complètement. Charlie et Charles sont alors dans la même sphère du monde pourri de Charles, une certaine idée de la normalité. Charlie sort à peine de son innocence de fille normale de classe moyenne mais l'affronte pourtant les yeux dans les yeux. Chaque instant qui précède où suit leurs rencontres est méticuleusement filmé pour faire monter la pression. Leurs faces à faces sont intenses, tenus à coups de vérités, de dissimulations et de mensonges qui tranchent comme une lame, alors que règne le calme familial le plus Olympien juste à côté, tenu par Patricia Collinge toute sourire. Deux enfants aussi bien élevés que clairvoyants, deux plus âgés qui aiment s'inventer des façons de se tuer et un détective amoureux égayent la vie "normale" et ajoutent un bon lot de boutades à savourer entre Hitchcock et le spectateur, jusqu'à l'empoignade finale.

Justement, ce qui m'a bien mis en l'air toute cette perfection tout de même, c'est le dénouement final que j'ai trouvé bien bidon.... ***minispoil***Jusqu'à ce que je me rende compte qu'ils valsaient.***minispoil*** Il est fort le bougre...
drélium
8
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le 16 août 2012

Modifiée

le 17 août 2012

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drélium

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