Oeuvre d'information salutaire, l'Ombre de Staline dépeint de manière crue comment Staline a modernisé l'URSS au prix de millions de vie humaines, ici ukrainiennes. C'est bien simple, l'or de Staline, ce n'est même pas le blé, mais la vie, ou plutôt la mort. Je savais déjà que Staline était un gros enfoiré et qu'il s'est notamment approprié la révolution bolchevique pour sa jouissance personnelle, son culte de la personnalité et son obsession de rentrer dans l'histoire en tant que grand dirigeant et modernisateur de la Russie (il a réussi : les secrets inavouables qu'il défendait sont toujours plus ou moins ignorés du grand public, et on pouvait le choisir en tant que leader dans le jeu vidéo Civilization IV alors qu'Hitler jamais), ainsi que sa volonté de devenir immortel par ce biais, par un autre film, et qu'il avait envoyé des millions de gens aux fameux "Goulags", mais j'ignorais tout de cet épisode ukrainien. C'est pourtant en massacrant ce peuple, qu'il ne devait pas beaucoup aimer (solution finale ? Ça s'en rapproche...), par le biais de la famine et de la taxation à outrance, que le "miracle bolchevique", qui n'en est donc pas un, a pu avoir lieu. C'est pourquoi je recommande à quiconque d'aller voir ce film, il est de salubrité publique. Vraiment.
Sur la forme, le long métrage ne démérite pas : on compare le faste décadent de Moscou à la pauvreté extrême de l'Ukraine, mais ce que j'ai aimé le plus est la symbolique du chemin de fer et de la locomotive qui fuse toute vapeur dehors sur des rails interminables en acier : c'est en vies humaines, en malheur extrême et en Enfer que ce prodige de la technologie a pu être atteint. Chair contre feu et acier. On ressent bien que Staline n'est que tout tromperie, l'ennemi du Communisme même.